Comment les provinces ont construit la France

L'éloge des « territoires », cette notion aussi démagogique que désincarnée, est aujourd'hui à la mode. D'où l'inquiétude qui s'empare du lecteur de David Chanteranne. Va-t-il devoir affronter, avec ces Chroniques des territoires, une énième célébration des terroirs méprisés par une capitale omnipotente ?

L'historien, spécialiste de la période napoléonienne et directeur des Sites patrimoniaux de la ville de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), ne cède heureusement à aucun ressentiment girondin. Il se contente de raconter, d'une plume limpide, des épisodes qui se sont déroulés, pour la plupart, dans ce qu'on appelait naguère la province.

Certains relèvent de l'image d'Épinal : le baptême de Clovis à Reims (entre 496 et 506), la victoire de Charles Martel sur les Sarrasins à Poitiers (732), la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc (1429). D'autres sont tombés dans l'oubli : l'union de Dagobert à Gomatrude au palais de Clichy (626), la prise de possession de Dijon par Philippe le Hardi (1364), la guérison miraculeuse de Louis XV à Metz (1744).

Promenade hexagonale

Pourtant, chacun à leur manière, ces événements s'inscrivent dans notre histoire. Par l'intégration d'un territoire dans le territoire national, par exemple le duché de Bretagne à l'occasion du mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII, en 1491. Par sa défense face à l'ennemi, comme Belfort protégée des troupes prussiennes par le colonel Denfert (1870-1871).

Ou bien encore, de façon plus lâche, par le [...] Lire la suite