Les protections hygiéniques sont gratuites en Écosse, quid en France ?

Plus de la moitié des adolescentes ont manqué l’école en raison de leurs règles selon une enquête au Royaume-Uni.

HYGIÈNE - Tampons et serviettes périodiques sont disponibles gratuitement à partir de ce lundi 15 août en Écosse pour toutes les femmes, avec l’entrée en vigueur d’une loi contre la précarité menstruelle, une première dans le monde à cette échelle, a annoncé le gouvernement local.

En vertu de ce texte voté en 2020 par les députés de la nation britannique, les collectivités locales et les établissements scolaires et universitaires seront légalement contraints de fournir des protections périodiques gratuitement.

« Aujourd’hui, la loi de 2021 sur les produits périodiques (fournitures gratuites) entre en vigueur. Cela signifie que les autorités locales et les prestataires d’enseignement ont l’obligation légale de mettre des produits menstruels gratuits à la disposition de toute personne qui en a besoin », écrit le gouvernement sur son compte Twitter.

Une application pour téléphone mobile, PickMyPeriod, a été lancée afin de trouver les points de distribution les plus proches.

Une avancée « fondamentale en termes d’égalité et de dignité »

Le gouvernement écossais, mené par les indépendantistes, présente sa loi comme une première dans le monde et affirme avoir été suivi sur cette voie par la Nouvelle-Zélande ou la Corée du Sud. « Fournir un accès à des protections hygiéniques gratuites est fondamental en termes d’égalité et de dignité », a souligné la ministre à la Justice sociale Shona Robison, cité dans un communiqué.

« C’est encore plus important à un moment où les gens sont amenés à faire des choix difficiles en raison de la crise du coût de la vie », a-t-il ajouté, alors que l’inflation approche les 10 % au Royaume-Uni et que la flambée des factures d’énergie touche durement les plus modestes. Le gouvernement écossais proposait déjà depuis 2018 des serviettes périodiques et tampons dans les écoles et universités.

Le mouvement contre la précarité menstruelle dans la nation a été porté notamment par un groupe de lycéennes, « Lady Business ». Les jeunes filles avaient rempli de produits hygiéniques les distributeurs des toilettes dans leur école du centre de l’Écosse, avant de lancer une campagne, s’exprimant dans d’autres établissements et organisant un rassemblement devant le Parlement écossais.

Plus de la moitié des adolescentes (52 %) ont manqué l’école en raison de leurs règles selon une enquête de mai 2019 menée auprès de 1 000 adolescentes au Royaume-Uni.

En France, les protections gratuites que pour les étudiantes

Et en France où en est-on ? Selon Règles élémentaires, première association française de lutte contre la précarité menstruelle citée par Le Parisien, « on estime à 2 millions le nombre de femmes, en France, victimes de ce manque de produits d’hygiène intime ». Ces derniers ne sont reconnus comme des produits de première nécessité que depuis 2016.

Aujourd’hui, les protections hygiéniques sont proposées gratuitement, mais seulement aux étudiantes. Plusieurs associations militent pour que la gratuité soit appliquée à l’ensemble des femmes. C’est le cas de l’association « Planning Familial 21 », en Côte-d’Or, qui a réalisé plusieurs permanences dans l’Yonne, de mai à juin, pour distribuer gratuitement des protections hygiéniques gratuitement.

« Parfois il faut choisir entre des tampons et un paquet de pâtes ? Il y a des femmes qui parfois sont ric-rac et ne peuvent pas se permettre d’acheter de serviettes ou de tampons. Elles doivent choisir entre manger ou se protéger et ce n’est pas normal » expliquait alors à « France Bleu » Benjamin, bénévole de l’association.

Dans la ville de Montataire, 5 000 euros ont été alloués par la mairie pour installer et approvisionner deux distributeurs de serviettes et tampons hygiéniques, accessibles depuis le mois de mars gratuitement au centre communal d’action sociale (CCAS), en centre-ville, et dans l’un des espaces culturels. Idem à Nantes où la mairie a installé trente distributeurs de protections périodiques en libre accès, d’une capacité de 300 produits chacune et installées dans des lieux publics disséminés dans les différents quartiers de la ville.

À noter par ailleurs que la composition des serviettes hygiéniques, souvent critiquées pour la présence de produits nocifs, sera obligatoirement inscrite sur l’emballage des produits en France d’ici le 1er janvier 2023.

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