Une proposition de loi pour interdire la corrida bientôt débattue à l'Assemblée nationale

Des spectateurs assistent à une corrida à Dax, dans le sud-ouest de la France, en août 2014 - Nicolas TUCAT © 2019 AFP
Des spectateurs assistent à une corrida à Dax, dans le sud-ouest de la France, en août 2014 - Nicolas TUCAT © 2019 AFP

Une proposition de loi du député insoumis Aymeric Caron pour interdire la corrida est examinée à partir de mercredi en Commission des lois. L'ancien journaliste compte rassembler au-delà de la gauche alors que la majorité des Français est favorable à l'abolition de cette pratique.

Interdire la corrida. Une proposition de loi en ce sens arrive en Commission des lois mercredi et sera examinée à l'Assemblée nationale le 24 novembre lors de la niche parlementaire de La France insoumise (LFI). Elle est portée par le député insoumis de Paris Aymeric Caron. L'ancien journaliste est connu pour son engagement antispéciste, c'est-à-dire contre l'exploitation et les formes de maltraitance animales.

Actuellement, le code pénal réprime les actes de cruauté envers les animaux mais fait une exception pour les "traditions locales ininterrompues" comme la corrida. L'interdire, c'est se heurter aux aficionados attachés à cette coutume locale. Au Parlement, les écologistes ont essayé par deux fois, en 2013 et 2021. Sans succès.

Aymeric Caron compte néanmoins s'appuyer sur un "point de vue qui est partagé par une majorité des Français", comme il l'expliquait cet été. Les chiffres sont en effet sans appel. Selon un sondage de l'Ifop réalisé en février dernier pour la fondation 30 millions d'amis, 77% des Français sont favorables à l'interdiction de la corrida. Sans surprise, la tendance s'inverse dans les villes de tradition taurine (Arles, Bayonne, Béziers, Dax, Mont-de-Marsan, Nîmes et Vic-Fezensac): 72% des habitants se prononcent pour le maintien de la corrida, selon un sondage réalisé par l'Ifop et Sud Radio en juin dernier.

Des députés de Renaissance et du RN devraient voter la proposition de loi

Pour faire passer son texte, Aymeric Caron espère rassembler large. Au-delà de la gauche donc. Sa proposition de loi se veut ainsi transpartisane. Les différentes formations politiques de l'Assemblée nationale ne parlent pas d'une seule voix sur le sujet. Au Rassemblement national, plusieurs députés devraient voter le texte d'Aymeric Caron. C'est le cas par exemple de Julien Odoul, député de l'Yonne.

"La cause est plus importante que les divergences politiques", souligne-t-il dans Le Parisien.

La députée RN de Seine-et-Marne Béatrice Roullaud a également fait savoir qu'elle était favorable à cette proposition de loi. "Je voterai avec plaisir pour l’abolition de la corrida! Je ne juge pas ceux qui l’aiment, mais de véritables tortures sont infligées au taureau dans ce combat truqué et déloyal ne survivant que par des subventions publiques qui seraient mieux utilisées ailleurs!", a déclaré cette titulaire d'un diplôme en droit animalier sur Twitter fin octobre.

Concernant le camp présidentiel, l'exécutif a affiché la couleur. Il "ne souhaite pas mettre en place des régimes d'interdiction", comme l'a rappelé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran ce dimanche sur BFMTV.

"Après deux ans et demi, de régime d’interdiction pour protéger les gens dans le cadre de la crise Covid, gardons-nous d’aller mettre de nouvelles contraintes, de nouvelles normes sur les gens", s'est-il justifié.

Dupond-Moretti pour défendre la position de l'exécutif ?

Une question, aussi, de priorités pour l'ancien ministre de la Santé. Il a ainsi évoqué "beaucoup de contraintes", plus importantes, comme "l'inflation" ou "la guerre en Ukraine". Pour autant, "la majorité aura sa liberté de vote", a souligné Olivier Véran. Et elle devrait s'en servir. Dans ses rangs on trouve plusieurs députés favorables à l'interdiction de la corrida.

Dont leur cheffe de file, Aurore Bergé, par ailleurs actuellement en congé maternité. L'ex-juppéiste avait signé en juillet 2021 une tribune dans le JDD pour appeler à abolir "cette pratique barbare". A ses côtés, 35 autres parlementaires issus de la majorité mais aussi du parti Les Républicains.

Le gouvernement n'a pas encore dévoilé le ministre qu'il choisirait pour défendre la position de l'exécutif. Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, défenseur des pro-corrida, s'est porté volontaire.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Olivier Véran : "Sur la corrida, le gouvernement ne souhaite pas mettre en place des régimes d'interdictions"