Avec cette proposition, l’UE ouvre la voie à la réautorisation de la chasse aux loups

La Commission Européenne propose de réviser le statut de protection du loup, de « strictement protégé » à « protégé ».

ENVIRONNEMENT - C’est une idée qui progresse. Depuis plusieurs mois maintenant, la question de la révision du statut de la protection du loup est sur la table. Ce mercredi 20 octobre, la Commission Européenne a donné un coup d’accélérateur en déposant une proposition de faire passer l’animal de « strictement protégé » à seulement « protégé », soit réautoriser en partie la chasse au loup, interdite depuis 1990.

Pour les éleveurs face aux loups, l’arme à feu est-elle la solution la plus efficace ?

Une idée portée par la présidente de la Commission européenne en personne, Ursula von der Leyen, qui a multiplié les prises de parole sur la dangerosité de l’animal depuis qu’un loup gris a tué son vieux poney Dolly l’an dernier, dans sa maison familiale en Allemagne. Mais il ne s’agit pas là d’une affaire personnelle.

« La concentration de meutes de loups dans certaines régions d’Europe est devenue un véritable danger, en particulier pour le bétail », a en effet déclaré la présidente de la Commission européenne. « Je suis profondément convaincue que nous pouvons trouver, et que nous trouverons, des solutions ciblées permettant de protéger à la fois la biodiversité et nos moyens de subsistance en milieu rural », assure-t-elle encore.

La proposition enthousiasme le monde agricole, et en particulier les éleveurs qui craignent les attaques de loups sur leurs troupeaux. Et pour cause : leur nombre dans l’Union européenne a « significativement » augmenté au cours des 20 dernières années, assure la Commission. Une déclaration fondée sur les résultats d’une consultation lancée en septembre dernier en France et dans les autres États membres. Selon les données collectées, il y a plus de 20 000 loups dans 23 pays de l’UE, dont 1 100 en France, et ces meutes grandissent et occupent des territoires de plus en plus vastes.

Jusqu’ici le tir sur les loups est très réglementé en France. En 1979, le pays s’est engagé à participer à la protection internationale du loup, classé comme une espèce « strictement protégée ». À ce titre, l’abattage des loups est rigoureusement contrôlé.

« Une logique de gestion »

« Je suis heureux de constater que la Commission propose une évolution réglementaire du statut de protection du loup », a réagi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau juste après l’annonce de la proposition de la Commission. « Le changement de statut nous fera passer d’une logique de défense à une logique de gestion », s’est-il réjoui sur X (ex-Twitter).

Concrètement, cela signifie donner la possibilité d’abattre des loups, sur les territoires où ils sont particulièrement présents. Or « selon la dernière évaluation de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), sur les neuf populations transfrontalières de loups de l’UE, six sont vulnérables ou quasi menacées », s’indigne la LPO. Plus encore, « contrairement à ce qui sous-tend l’annonce de la présidente de la Commission européenne, l’affaiblissement du statut de protection de l’espèce ne créera pas les conditions d’une coexistence durable avec l’espèce », pointe France Nature Environnement.

D’après l’association FERUS, en pointe sur le combat pro loup, la mort d’une bête dominante peut « déstructurer la meute », et augmenter l’agressivité et « les attaques envers les troupeaux ». Plutôt que les tirs, elle recommande donc la présence de chien de protection, la surveillance humaine et la pause de clôtures électrifiées pour protéger le bétail.

Tout n’est pas encore joué pour la proposition d’Ursula Von Der Leyen. Les États membres doivent désormais se prononcer sur cette proposition. Si elle est adoptée, elle sera ensuite soumise par l’UE au comité permanent de la convention de Berne, texte historique qu’il faudra modifier pour que ces nouvelles règles entrent en vigueur.

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