Projet d’attentat à l’ambassade d’Israël en Belgique : des adolescents radicalisés interpellés

Des adolescents, qui visaient dans un projet d’attentat l’ambassade d’Israël en Belgique, ont été interpellés cet été en France.
LOIC VENANCE / AFP Des adolescents, qui visaient dans un projet d’attentat l’ambassade d’Israël en Belgique, ont été interpellés cet été en France.

TERRORISME - C’est une enquête qui fait froid dans le dos. Dans son édition du dimanche 22 octobre, Le Parisien a dévoilé un inquiétant projet d’attentat avorté planifié par des adolescents radicalisés, confirmé par BFMTV.

Trois collégiens ont depuis été mis en examen à Paris pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », après avoir projeté une attaque contre une ambassade israélienne, à Uccle, dans la banlieue de Bruxelles en Belgique.

Il s’agit d’un Français de 15 ans et de deux Russes de 16 ans d’origines tchétchène et ingouche. Un quatrième collégien, un Belge de 16 ans, a lui été mis en examen pour terrorisme à Bruxelles.

Interpellés fin août

Dès le 15 septembre, France Bleu Touraine avait annoncé les interpellations – fin août et début septembre – des trois adolescents scolarisés en France, à Joué-lès-Tours, en Indre-et-Loire. Ils étaient alors soupçonnés de radicalisation et de projets violents. Ces interpellations avaient été menées par la direction générale de la sécurité intérieure, la DGSI.

Dimanche, Le Parisien, qui a pu se procurer un rapport de la DGSI sur cette affaire, a révélé de nombreux éléments sur l’enquête et la personnalité des adolescents arrêtés.

Malik, 15 ans, y apparaît comme le meneur du projet d’attentat. Celui-ci aurait fomenté cette entreprise après s’être lié d’amitié avec Maskhoud (le prénom a été changé), 16 ans. Ce dernier est né à Ourous-Martan en Russie, dans la république de la Tchétchénie. Il a émigré avec sa famille de sept enfants en Indre-et-Loire et dispose d’un document de circulation pour étranger mineur.

Fabrication d’explosifs dans un parc de Saint-Pierre-des-Corps

Malik voue un culte à la gloire de l’État islamique (EI) sur Tiktok et Telegram, où il diffuse des montages de vidéos faisant l’apologie d’attentats. Maskhoud lance lui des prières collectives et écoute des chants de guerriers jihadistes sur son smartphone. Le comportement des deux ados terrorise les autres élèves et professeurs de leur établissement scolaire.

Une première alerte intervient le 5 avril, quand Malik et Maskhoud sont surpris par des policiers de la BAC en train de fabriquer des explosifs artisanaux, devant quatre autres collégiens, dans un parc à Saint-Pierre-des-Corps.

Le 3 mai, une visite domiciliaire est menée chez les deux collégiens. Elle confirme alors leur forte radicalisation, permettant de faire remonter de nombreuses recherches des deux ados sur les ambassades d’Israël en France, au Luxembourg et en Belgique, ainsi que sur la confection d’explosifs.

Le projet d’attentat sera mis au jour par les policiers grâce à des groupes de discussions exhumés du compte de Malik sur la messagerie sécurisée Olvid. L’adolescent y converse en effet avec de nombreux autres internautes, des adolescents radicalisés, français et étrangers.

Dans un groupe intitulé « Plan d’assaut », Malik y explique notamment le déroulé de l’attaque « qui consisterait d’abord à “abattre et égorger” les policiers en faction devant l’ambassade d’Israël à Uccle, puis à larguer une camionnette bourrée d’explosifs contre le site. Avant d’exécuter les civils survivants », narre Le Parisien.

Malik aurait été influencé dans la préparation de l’attaque par un jeune Belge de 16 ans surnommé « Al-Baljikie », qui sera interpellé le 14 juin à Bruxelles.

Après les différentes interpellations en lien avec l’affaire, au cours de l’été, Malik et Maskhoud ont reconnu devant les enquêteurs le projet d’attentat.

« Heureusement que vous êtes intervenus »

« À force de bourrage de crâne, je trouvais que c’était une issue facile à tous mes problèmes », explique Malik. « J’avais des tendances dépressives et je me suis dit qu’au moins, ma vie serait terminée (...) J’ai commencé à voir l’EI comme des héros. » Il en arrive à remercier les enquêteurs de l’avoir mis hors d’état de nuire : « heureusement que vous êtes intervenus, parce que j’aurais fait des choses que j’aurais regrettées ».

Maskhoud a lui confié qu’il aurait dû jouer le rôle de kamikaze dans l’attentat, en se faisant exploser dans un camion.

« Initialement, c’était quelque chose d’assez naïf. Lui, il ne percevait pas la gravité de ce qu’il était en train de commettre. Il n’avait pas la conscience de participer à une organisation terroriste ou de fomenter réellement des projets terroristes », a réagi sur BFMTV ce lundi 23 octobre l’avocate d’un des adolescents, Alexandra Hawrylyszyn.

« Il a été approché par ces organisations terroristes de façon assez ludique, on parle de jeux en ligne, de messageries Tiktok, Instagram. C’est vrai que, même s’il a pu malheureusement être approché par des terroristes d’un niveau assez élevé, ce n’est quand même qu’un adolescent de 15 ans et il ne pensait pas être inquiété plus que ça pour des propos qu’il échangeait sur internet », a-t-elle ajouté.

Malik et Maskhoud sont aujourd’hui toujours en détention provisoire. Un troisième suspect, qui aurait été chargé de préparer une éventuelle fuite du commando vers le Caucase, a lui été interpellé le 6 septembre, à son retour de vacances de Russie.

« Cette cellule avait une volonté manifeste de reconnaissance internationale et pour objectif d’être adoubé par l’État islamique », a relevé la DGSI dans son rapport. « (...) Souhaitant tuer les civils résidant en Occident, sa haine s’est orientée vers la communauté juive. »

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