Un prof du Texas viré après avoir lu le « Journal » d’Anne Frank à ses élèves
ÉTATS-UNIS - Au collège, vous avez peut-être lu le Journal d’Anne Frank en classe, ce journal intime d’une jeune fille juive exilée aux Pays-Bas sous le régime nazi. Mais début septembre, au Texas, un professeur a été renvoyé pour avoir lu des extraits du roman à ses élèves en classe de quatrième. Selon le district scolaire concerné, cette version du Journal d’Anne Frank contiendrait des éléments pornographiques.
L’extrait qui fait polémique est tiré d’un roman graphique adapté de l’œuvre originale, qui inclut des passages coupés dans d’autres éditions. Et l’un de ces passages concerne, entre autres, une description du clitoris écrite par Anne Frank. L’adolescente y mentionne aussi son attirance pour une autre fille.
Après que des parents d’élèves se sont plaints de la lecture de ces passages « inappropriés », le professeur a été licencié, rapporte la chaîne de télévision KFDM. Ce n’est pas la première fois que cette adaptation est contestée : l’année dernière au Texas, l’ouvrage avait été retiré de certaines bibliothèques.
Pourtant, le Fonds Anne Frank qui gère les droits d’auteur des différentes éditions du journal s’était déjà défendu sur le contenu de ce roman graphique, expliquant qu’un livre écrit par une jeune fille de 12 ans était parfaitement approprié pour ses pairs.
Une vague de censure inquiétante
Mais la polémique ne s’arrête pas là : le roman graphique a aussi été banni dans plusieurs districts de Floride. Un exemple parmi tant d’autres aux États-Unis, où les bibliothèques scolaires font face à une vague de censure grandissante depuis 2021. Des lois de restrictions votées par des élus républicains se multiplient, et sans aucune surprise, ce sont des livres concernant des communautés marginalisées et traitant de sujets comme les discriminations, le genre ou la sexualité qui sont interdits.
Les exemples fleurissent, particulièrement dans les États conservateurs : dans un district en Floride, un livre sur deux pingouins mâles qui élèvent un bébé pingouin ensemble avait été interdit en maternelle et en primaire. En Caroline du Sud, c’était le mémoire de Ta-Nehisi Coates sur le racisme systémique, Une colère noire, qui avait été pointé du doigt par des élèves, qui étaient parvenus à censurer l’ouvrage dans leur lycée.
La polémique monte, au point que ce mardi 19 septembre, 175 artistes et militants, dont Ariana Grande, Roxane Gay ou encore Mark Ruffalo, ont signé une lettre ouverte condamnant cette vague de censure. « Bientôt, ces idéologues régressifs vont se tourner vers d’autres formes d’art et de divertissement, persistant dans leurs attaques qui font des communautés marginalisées, particulièrement les personnes racisées et celles de la communauté LGBTQ +, des boucs émissaires, » dénonce le texte, qui appelle à défendre la liberté artistique.
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