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Le prof en liberté – Les super-dégustateurs existent-ils vraiment ?

Professeur Fabrizio Bucella, physicien, docteur en sciences et enseignant à l’Université libre de Bruxelles.
Professeur Fabrizio Bucella, physicien, docteur en sciences et enseignant à l’Université libre de Bruxelles.

Les super-dégustateurs feraient-ils comme Fantômas ? Ils réaliseraient des exploits, mais on ne pourrait jamais leur mettre le grappin sur le collet. On entend que tel expert se farcit plus de cent dégustations en une demi-matinée. La pertinence d'une telle opération me laisse pantois. Diantre, comment peut-on sincèrement croire qu'on est aussi précis au premier vin qu'au centième, après avoir abîmé les papilles avec tant d'éthanol, d'acides et de tannins ?

Fichtre, il doit s'agir d'un super-dégustateur, c'est le Fantômas du pinard, et c'est ce que je me suis dit pendant de longues années. Ces gens aux pouvoirs sensoriels superpuissants, je les imaginais des sortes d'extraterrestres, des Karim Benzema du palais. Un brin de scepticisme m'étreignait, car ils étaient presque exclusivement anglo-saxons, ces super-gens. Devinez quoi, des auteurs anglo-saxons justement ont essayé de populariser le concept dans la littérature scientifique (supertasters).

Dans mon ouvrage Pourquoi boit-on du vin ? (Dunod), j'avais pris la peine de démonter le mythe, si mythe il y eut.

Prenons le point de départ du bazar : quand on chasse un super-dégustateur, on doit donc chercher un dégustateur meilleur que les autres, soit le vulgum pecus, le péquin de la dégustation, le dégustateur normal. Ce dernier serait « l'homme de la rue », mais en dégustation, pour reprendre le terme du grand Pascal. En gros, c'est vous et moi tapant dans un ballon pour suivre la comparaison footballistique [...] Lire la suite