"Des produits catastrophiques" : les perles, snus et autres sachets de nicotine pour les jeunes inquiètent

Alors que les industriels semblent vouloir faciliter l'accès à ces produits aux plus jeunes, des professionnels de santé tirent le signal d'alarme et évoquent "une porte d'entrée vers la cigarette traditionnelle."

Des chiffres qui inquiètent et interpellent. Dans son sondage nommé "Perception et usages de la Puff chez les 13-16 ans", publié ce mardi 14 novembre en collaboration avec BVA France, l'Alliance contre le tabac aborde l'essor des "nouveaux produits de la nicotine et du tabac" chez les 13 à 16 ans.

Parmi eux, les perles et les sachets de nicotine, qui sont de plus en plus mis en avant par les industriels du secteur. Si la Puff est déjà devenue un sujet de santé publique chez les plus jeunes, cette étude illustre la connaissance qu'ont les adolescents de ces nouveaux produits.

Ils sont ainsi 21% à avoir déjà entendu parler des perles de nicotine, 19% des sachets de nicotine, également appelés "pouches", et 18% les snus, des sachets de nicotine qui contrairement aux deux autres contiennent du tabac.

Ceux-ci sont interdits à la vente dans l'Union européenne depuis 1992, mais autorisés en Suède et Norvège.

Pire, parmi les adolescents qui assurent connaître ces produits, ils sont 11%, soit 1 jeune de 13 à 16 ans sur 10, à admettre avoir déjà testé les perles de nicotine. Ils sont en outre 9% à avoir testé les sachets et 7% le snus, malgré l'impossibilité d'en trouver dans le commerce en France. Toutefois, en quelques clics, son achat est plus qu'aisé en ligne.

Forte concentration en nicotine

Les inquiétudes sont nombreuses au sujet de ces nouveaux produits. Comme l'indique le ministère de la Santé, les snus, à ingérer par la bouche, contiennent entre 3 et 20 mg de nicotine, alors qu'une cigarette normale n'en contient qu'entre 1 et 2 mg. Interrogé par BFMTV.com, Loïc Josseran, président de l'Alliance contre le Tabac, explique pourquoi cette concentration en nicotine est problématique.

"On le coince entre la gencive et la lèvre, et quand ça frotte le produit est ingéré par la gencive. La bouche a la particularité d'être vascularisé, et la nicotine passe rapidement au niveau cérébral", dit-il.

En outre, Le Parisien souligne dans un article consacré au phénomène que les industriels agrémentent ces produits, en particulier les perles, de différents parfums afin d'attitrer un jeune public, comme cela fut déjà le cas pour les Puffs. "Ils sont très récréatifs, semblent gentils, distrayants, mais sont catastrophiques", ajoute Loïc Josseran, visant ici les sachets et perles qui sont légales en France.

"On cherche à peser le plus possible sur les plus jeunes, c'est une porte d'entrée vers la cigarette traditionnelle, c'est un passage", dénonce encore ce dernier.

Sur les réseaux sociaux, dans des vidéos totalisant des centaines de milliers de vues, des jeunes font également état des effets procurés par le petit sachet et expliquent et comment se le procurer, et comment le consommer.

Appel a légiférer

Toujours selon le ministère de la Santé, les snus, outre la dépendance qu'ils déclenchent, peuvent également être responsables de différentes pathologies du système oro-digestif: cancers oraux et du pancréas, lésions des muqueuses dans la bouche, une rétraction irréversible des gencives ou encore des palpitations et vomissements.

En ce qui concerne les gencives, Loïc Josseran détaille: "ça frotte sur la gencive, c'est très abrasif."

Face à cet état de fait, l'Alliance contre le tabac appelle l'exécutif à réagir le plus rapidement possible et à légiférer contre ce fléau.

"Tout mois, tout trimestre de perdu, c'est des jeunes qui deviennent dépendants. Il faut du courage politique en face pour mettre les industriels hors-jeu", termine le professeur.

Article original publié sur BFMTV.com

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