"Pas mes proches" : Le Pen prend ses distances avec deux ex-collaborateurs présents dans la manifestation d'ultradroite à Paris

La patronne des députés RN a nié toute proximité avec Axel Loustau et Olivier Duguet, présents dans le cortège d'un rassemblement d'extrême droite qui comptait notamment des symboles fascistes. Les deux hommes ont pourtant eu des fonctions dans un micro-parti proche de Marine Le Pen.

Fermer le banc. Après une manifestation d'ultradroite à Paris ce samedi qui a suscité l'émotion à gauche et dans les rangs de la majorité présidentielle, Marine Le Pen prend ses distances. Deux anciens lieutenants du Rassemblement national étaient présents dans le cortège, d'après des informations de Mediapart.

"Ce ne sont pas mes proches. Tous les gens qui, à un moment ou à un autre dans leur existence et dans les 50 ans d'existence du Front national ont eu une responsabilité de comptable ou même d'élus, ne font pas partie de mes proches", a répondu la patronne des députés du RN ce mardi sur Sud Radio.

Axel Loustau, à la tête des finances de la campagne de 2017

Dans le viseur: le manifestant Axel Loustau. Ce quinquagénaire a fait ses études avec Marine Le Pen dans les années 1990 à la faculté de droit d'Assas. Il a ensuite été le trésorier de Jeanne, un micro parti proche de la dirigeante pendant une dizaine d'années tout en étant conseiller régional d'Île-de-France de 2015 à 2021. Un temps président de la fédération RN des Hauts-de-Seine, il a dirigé lors de la présidentielle de 2017 la cellule financière de la campagne de la candidate.

En pleine opération de notabilisation du mouvement, désormais doté de 88 députés à l'Assemblée nationale, pas question pour l'ancienne dirigeante du mouvement de revendiquer la moindre proximité avec des personnes qui ont figuré dans ce cortège. 500 personnes y ont participé, dont des dizaines masquées de noir ou avec le drapeau de la croix celtique, un symbole fasciste.

Ce cortège est organisé par le Comité du 9 mai chaque année depuis la mort de Sébastien Deyzieu, un militant nationaliste mort accidentellement à 22 ans le 7 mai 1994 après une manifestation de plusieurs mouvements d'extrême droite "contre l'impérialisme américain".

Une manifestation organisée par le Gud

Le jeune homme s'était réfugié sur le toit d'un immeuble de Paris pour échapper à la police avant de faire une chute mortelle. Il a depuis acquis un statut de martyr pour une partie de l'extrême-droite française qui se réunit donc annuellement.

La section jeunes du Front national (depuis devenu le RN) contribue avec le Gud, une association étudiante d'extrême droite, un temps dissous avant d'être réactivée ces dernières années, à l'organisation du rassemblement.

La présence d'Axel Loustau fait d'autant plus mauvais effet qu'il est également un intime de Frédéric Chatillon, un très proche de Marine Le Pen, ancien chef du Gud. Les deux hommes ont été en délicatesse avec la justice pour les législatives de 2012. Ils étaient soupçonnés d'imposer aux candidats l'achat de kits de campagne avant de se faire rembourser leur usage par l'État aux titres des frais des campagne. Si Frédéric Chatillon a été condamné en appel à 30 mois de prison, Axel Loustau a été relaxé.

"On finit tous par être proches des uns et des autres"

Dans le cortège, se trouvait également Olivier Duguet. Lui aussi ancien membre du Gud pendant sa jeunesse, l'homme a été trésorier puis trésorier adjoint de Jeanne, avant d'être condamné dans le cadre de l'affaire des kits de campagne.

"Il faut arrêter avec (les accusations de proximité). C'est la méthode d'extrême gauche utilisée par Mediapart, moyennant quoi on finit tous par être proche des uns et des autres par capillarité. Il faut arrêter avec ça", a encore asséné Marine Le Pen.

La manifestation, autorisée par la préfecture, a suscité des remous alors que plusieurs rassemblements ont été interdits ces dernières semaines face à la contestation de la réforme des retraites. Ce lundi, à l'occasion des commémorations du 8-Mai, tout rassemblement a été interdit autour des Champs-Élysées et à Lyon, dans le quartier de Montluc où Emmanuel Macron rendait hommage à Jean Moulin.

"Dans la mesure où cette manifestation n'avait occasionné, les années précédentes, aucun débordement ou trouble à l'ordre public, le préfet n'était pas fondé à prendre un arrêté d'interdiction à son encontre", s'est justifiée la préfecture dans un communiqué de presse.

Article original publié sur BFMTV.com

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