Procès terroristes : « La France est devenue une démocratie judiciaire »

La salle dite des grands procès, construite dans l'ancien palais de justice de Paris, a accueilli le procès des attentats du 13 Novembre puis celui de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice.  - Credit:Franck Dubray / MAXPPP / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP
La salle dite des grands procès, construite dans l'ancien palais de justice de Paris, a accueilli le procès des attentats du 13 Novembre puis celui de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. - Credit:Franck Dubray / MAXPPP / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP

Charlie Hebdo, Hyper Cacher, 13 Novembre, 14 juillet à Nice : en trois ans, trois procès se sont tenus où la justice a eu à appréhender la vague d'attentats des années 2015-2016. En quoi ces audiences ont-elles été singulières, et réussies ? Quel en a été l'enjeu ? Le magistrat et juriste Antoine Garapon livre ici son analyse.

Le Point : Qu'est-ce qui vous frappe dans ces trois grands procès ?

Antoine Garapon : Le fait, d'abord, qu'il n'y a pas eu de « défense de rupture » telle que la pratiquait Jacques Vergès [avocat aussi célèbre que controversé, connu pour avoir défendu plusieurs militants du FLN, mais également le terroriste Carlos ou l'officier SS Klaus Barbie, NDLR]. La défense de rupture disqualifie d'emblée l'enceinte judiciaire pour porter le débat sur un autre terrain, considéré comme le seuil qui vaille : celui de rapports de force profonds, de la lutte des classes, de l'affrontement entre le Nord et le Sud, etc. À V13 [le procès du 13 Novembre, NDLR], il y a eu une défense pugnace, des développements, d'ailleurs attendus, sur les limites de la qualification d'« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », qui est effectivement problématique, mais aucune n'a remis en cause la pertinence de la justice elle-même pour les discuter.

En l'occurrence, cela a même été l'inverse : l'un des enjeux était de faire en sorte que les accusés reconnaissent comme légitime leur propre procès. Et le fait que Salah Abdeslam accepte, par e [...] Lire la suite