Le procès de Donald Trump pour l’élection de 2020 ne doit pas virer au « carnaval médiatique », selon la juge

Donald Trump, ici en Caroline du Nord en juin 2023, sera jugé dans les prochains mois pour ses agissements après sa défaite contre Joe Biden en 2020.
Donald Trump, ici en Caroline du Nord en juin 2023, sera jugé dans les prochains mois pour ses agissements après sa défaite contre Joe Biden en 2020.

ETATS-UNIS - Eviter un « carnaval médiatique ». La juge au procès de l’ex-président américain Donald Trump pour ses agissements lors de l’élection de 2020, Tanya Chutkan, a prévenu vendredi qu’elle ne laisserait pas les débats dans une ambiance délétère.

Lors d’une audience consacrée à une demande du procureur spécial Jack Smith, qui s’inquiète d’éventuelles intimidations de témoins en cas de divulgation illicite par Donald Trump de pièces clé de la procédure, la magistrate a par ailleurs défini le cadre dans lequel l’ex-président sera autorisé à commenter publiquement le dossier.

Malgré le caractère hautement politique de l’affaire, dans laquelle un ancien président, en campagne pour reconquérir la Maison Blanche, plaide non coupable d’accusations d’avoir frauduleusement tenté d’inverser le résultat du vote, la juge a affirmé vouloir mener les débats le plus normalement possible. « Je ne tiendrai pas compte dans ma décision des effets qu’elle peut avoir sur la campagne » présidentielle pour 2024, a-t-elle prévenu en réponse aux objections d’un avocat de la défense, John Lauro, aux demandes des procureurs. Elle s’est dit avant tout soucieuse de la « bonne administration de la justice ».

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Concernant le cadre des commentaires autorisés à Donald Trump, elle s’est rangée à l’avis de la défense qui réclamait que les restrictions prévues par son injonction portent uniquement sur les « éléments sensibles » du dossier.

La juge Chutkan a en revanche adopté la définition proposée par l’accusation des « éléments sensibles » pour y inclure notamment les transcriptions ou enregistrements de dépositions de témoins, invoquant le « risque d’intimidation de témoins ».

Elle a également rejeté une demande de la défense d’élargir à d’autres que les avocats de Donald Trump l’accès à la masse de documents que les procureurs doivent leur fournir dans les semaines à venir.

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La question de l’accès de Donald Trump aux documents « sensibles » hors de la présence de ses avocats a donné lieu à une passe d’armes entre l’un des procureurs, Thomas Windom, et John Lauro. L’accusé « a déjà montré une tendance à garder des documents qu’il n’aurait pas dû », a ironisé le procureur pour justifier la nécessité de réguler cet accès. Il faisait référence à un autre dossier dans lequel l’ancien président sera jugé en 2024 par un tribunal de Floride (sud-est) pour avoir conservé des documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche, au lieu de les remettre aux Archives nationales.

L’avocat de Donald Trump a protesté n’avoir jamais vu dans ce type d’affaire « des conseils obligés de rester assis à côté de leur client pour le babysitter ».

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La juge Chutkan a tranché pour une solution de « compromis », autorisant l’ancien président à consulter les « éléments sensibles » sans supervision de ses avocats, mais sans aucun appareil électronique ou autre susceptible de les photographier ou de les reproduire. À charge également pour ses conseils de s’assurer que ses notes ne contiennent aucune information permettant d’identifier une personne citée dans le dossier.

En conclusion, la juge a mis en garde contre toute « déclaration incendiaire susceptible de polluer la sélection du jury », qui ne pourrait que l’encourager à fixer une date rapprochée pour le procès.

Jack Smith, qui réclame un « procès sans délai », a proposé la date du 2 janvier, estimant qu’il « ne devrait pas durer plus de quatre à six semaines ». La défense a jusqu’au 17 août pour formuler sa propre proposition de calendrier, avant une nouvelle audience dévolue à cette question devant la juge Chutkan le 28 août.

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