Procès de Bastia-Poretta: les personnalités des accusés passées au crible

Des membres de la police scientifique près du corps d'Antoine Quilichini tué lors d'une fusillade devant l'aéroport de Bastia, le 5 décembre 2017 en Corse (PASCAL POCHARD-CASABIANCA)
Des membres de la police scientifique près du corps d'Antoine Quilichini tué lors d'une fusillade devant l'aéroport de Bastia, le 5 décembre 2017 en Corse (PASCAL POCHARD-CASABIANCA)

Au deuxième jour du procès de l'assassinat de deux membres du grand banditisme corse, en 2017 à l'aéroport de Bastia-Poretta, la cour d'assises d'Aix-en-Provence a commencé mardi à se pencher sur la personnalité des accusés.

Le 5 décembre 2017, vers 11H20, Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini étaient les cibles de tirs sur le parking de l'aéroport de Bastia. Antoine Quilichini a été tué sur le coup et Jean-Luc Codaccioni, détenu de la prison de Borgo (Haute-Corse), de retour d'une permission à Paris, est décédé sept jours plus tard.

Selon l'accusation, l'objectif des principaux accusés était de "venger les morts" de leurs pères, fondateurs de la "Brise de Mer" ou membres du banditisme insulaire, et de "faire renaître" cette bande criminelle corse historique.

Dans un palais de justice sous bonne garde, parmi les 14 accusés dont neuf sont détenus, Ange-Marie Michelosi, fils de Ange-Marie père, assassiné en juillet 2008 et présenté comme membre du banditisme de Corse-du-Sud, a déclaré mardi à la cour vouloir "prendre toutes (s)es responsabilités" dans ce procès. Pendant l'instruction, il avait refusé de répondre à la moindre question.

Celui qui compte quatre condamnations sur son casier judiciaire notamment pour port d'arme irrégulier et trafic de stupéfiant, a décrit une "enfance joyeuse" dans un "foyer aimant" et une scolarité interrompue en troisième "après un grave accident de moto".

Fiancé et sans enfant, l'homme de 35 ans a décrit comment l'assassinat de son père, avec qui il avait de "très bons rapports, presque fusionnels", a marqué un tournant: "C’est comme quand vous avez le soleil à son zénith et que d’un coup il fait nuit. C’est un basculement, quelque chose qui change une vie".

Il rapporte les "menaces" dont il a été l'objet et "la vie de survie", "de totale clandestinité" dans laquelle il a plongé, à la suite de cet assassinat et celui en 2011 de sa tante, Marie-Jeanne Bozzi.

"Cette vie, je ne l’ai pas choisie", a-t-il assuré, reconnaissant "sans difficulté" avoir "pu percevoir de l’argent d’un trafic de stupéfiants parce "qu’à un moment il faut vivre".

Si pour l'accusation, les victimes du double assassinat appartenaient au clan Germani, soupçonné d'être responsable de la mort de son père, Ange-Marie Michelosi ne veut "accuser personne pour la bonne et simple raison que je ne vais pas refaire l'assassinat de mon père que la justice a décidé de clore".

Le procès doit durer deux mois.

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