« Que notre joie demeure », de Kevin Lambert : portrait d’une mondialisation en déclin
Céline Wachowski est une milliardaire que le Tout-Montréal reçoit : ensemble Vivienne Westwood et énergie intacte, elle évoque à 67 ans sa jeunesse à l'ère punk bien plus que les mamies du Québec, elle qui a réussi à se forger un empire architectural en quatre décennies.
Après avoir été longtemps boudée par une Belle Province frileuse, elle a construit des gratte-ciel à New York ou Tokyo et des penthouses luxueuses pour les stars du monde connecté, collaborant au passage avec Jean Nouvel. Elle siège au conseil d'administration du musée des Beaux-Arts et anime une série sur Netflix qui a contribué à mondialiser ses répliques à la Lagerfeld, que les tee-shirts des hipsters affichent fièrement.
Mais la roche Tarpéienne se profile alors qu'elle met la touche finale à son mégaprojet de réhabilitation des terminaux ferroviaires de la ville. Car il lui faut expulser les pauvres locataires qui s'accrochent à ces îlots insalubres depuis des années : la mascotte branchée devient le symbole de cette boulimie entrepreneuriale qui ronge la planète – une surfemme qui n'aura joué aux amies de l'écologie que pour mieux imposer la loi d'airain du profit, puis de vendre de larges parts de ses entreprises – « Mes compagnies sont passées du despotisme éclairé à une démocratie d'idiots », dit-elle drôlement.
Polémique
Que notre joie demeure, le roman du Québécois Kevin Lambert – déjà remarqué pour son étonnant Querelle – a reçu, jeudi 9 novembre, le Prix Médicis. C'est bien plus [...] Lire la suite