« Que notre joie demeure », de Kevin Lambert : portrait d’une mondialisation en déclin

L'écrivain québécois reçoit à Paris le prix Décembre, le 31 octobre 2023, pour son roman Que notre joie demeure.  - Credit:MAGALI COHEN / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
L'écrivain québécois reçoit à Paris le prix Décembre, le 31 octobre 2023, pour son roman Que notre joie demeure. - Credit:MAGALI COHEN / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Céline Wachowski est une milliardaire que le Tout-Montréal reçoit : ensemble Vivienne Westwood et énergie intacte, elle évoque à 67 ans sa jeunesse à l'ère punk bien plus que les mamies du Québec, elle qui a réussi à se forger un empire architectural en quatre décennies.

Après avoir été longtemps boudée par une Belle Province frileuse, elle a construit des gratte-ciel à New York ou Tokyo et des penthouses luxueuses pour les stars du monde connecté, collaborant au passage avec Jean Nouvel. Elle siège au conseil d'administration du musée des Beaux-Arts et anime une série sur Netflix qui a contribué à mondialiser ses répliques à la Lagerfeld, que les tee-shirts des hipsters affichent fièrement.

Mais la roche Tarpéienne se profile alors qu'elle met la touche finale à son mégaprojet de réhabilitation des terminaux ferroviaires de la ville. Car il lui faut expulser les pauvres locataires qui s'accrochent à ces îlots insalubres depuis des années : la mascotte branchée devient le symbole de cette boulimie entrepreneuriale qui ronge la planète – une surfemme qui n'aura joué aux amies de l'écologie que pour mieux imposer la loi d'airain du profit, puis de vendre de larges parts de ses entreprises – « Mes compagnies sont passées du despotisme éclairé à une démocratie d'idiots », dit-elle drôlement.

Polémique

Que notre joie demeure, le roman du Québécois Kevin Lambert – déjà remarqué pour son étonnant Querelle – a reçu, jeudi 9 novembre, le Prix Médicis. C'est bien plus [...] Lire la suite