Prix de l'énergie : pourquoi le chômage partiel à 100% pourrait faire son grand retour

L'usine Duralex doit mettre près de 250 salariés au chômage partiel (Photo by GUILLAUME SOUVANT / AFP)
L'usine Duralex doit mettre près de 250 salariés au chômage partiel (Photo by GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Le dispositif, popularisé lors de la crise du Covid-19, pourrait être de nouveau largement déployé en cas de crise de l'énergie cet hiver.

Le retour d'un chômage partiel massivement déployé ? Le dispositif, qui a permis de sauver de nombreuses entreprises lors des différents confinements lors de la crise du Covid-19, pourrait de nouveau être massivement déployé.

En cause, la flambée des prix de l'énergie et de possibles restrictions l'hiver prochain. Constatant l'envolée de prix de l'électricité, certaines entreprises ont d'ores et déjà choisi d'avoir recours au chômage partiel. C'est par exemple le cas de la verrerie Duralex, dont le président explique que "l'énergie représentait de 5 à 7% de notre chiffre d'affaires il y a un an. Aujourd'hui, cela représente 40%".

La facture d'électricité passe de 7 à 80 millions dans cette entreprise

"Face à ce coût, c'est impossible de continuer à produire", explique sur Franceinfo José-Luis Llacuna qui a décidé de mettre en veille durant quatre mois "minimum" la production de son usine située à la Chapelle-Saint-Mesmin dans le Loiret. Conséquence, une grande partie des 250 salariés de l'entreprise vont être mis en chômage partiel à partir du 1er novembre.

Même problématique et mêmes conséquences du côté de la sidérurgie, secteur qui consomme également beaucoup d'énergie. Le 31 août, le groupe Ascometal, fabricant d’aciers spéciaux distribués dans le monde entier, a annoncé deux interruptions de production de trois semaines chacune, l’une en novembre et l’autre en décembre, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Hagondange (Moselle). Rien que pour l'usine de Fos, le coût annuel de l’électricité passerait de 7 millions d’euros cette année à 80 millions d’euros en 2023. Le groupe décide donc de mettre une partie des 1 200 salariés du groupe, sans compter les 300 sous-traitants, au chômage partiel.

Recours forcé au chômage partiel

Dans le Pas-de-Calais, la cristallerie d’Arques a fait débuter le chômage partiel le 1er septembre pour ses 1 600 salariés, à raison de deux jours par semaine, jusqu’à la fin de l’année. Là aussi, la flambée des prix de l'énergie est en cause. "Entre 2021 et 2022, la facture de gaz pour Arc France passe de 19 millions à 75 millions, c’est 56 millions supplémentaires", détaille auprès de France 3 Guillaume Rabel-Suquet, directeur de la communication d’Arc France.

Ces secteurs pourraient ne pas être les seuls touchés. Les stations de ski, dont l'activité nécessite beaucoup d'énergie, s'inquiètent de voir leur facture flamber, et demandent des aides de l'État. En Isère, Chamrousse fermera encore des remontées mécaniques cet hiver et réduira la vitesse de ces appareils en basse saison. La direction de la station ne sait pas si elle va pouvoir ouvrir ou non sa patinoire, rapporte Le Dauphiné, de quoi peser sur les emplois au niveau local.

La CFDT demande le chômage partiel pris en charge à 100%

Face à cette situation, et à la multiplication des recours au chômage partiel, Laurent Berger réclame des aides similaires à celles mises en place lors des restrictions contre le Covid pour les entreprises. "Il va falloir réactiver les dispositifs d'accompagnement des travailleurs, notamment en termes de chômage partiel et de chômage partiel pris en charge à 100 %, parce qu'ils ne sont responsables en rien de la situation", a lancé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger sur Franceinfo ce vendredi.

Car en cas de mise au chômage partiel d'un salarié, hors Covid, "l'employeur doit verser au salarié une indemnité correspondant à 60% de son salaire brut par heure chômée, soit environ à 72 % du salaire net horaire. Une indemnité ne peut pas être inférieure à 8,76 €, ni être supérieure à un plafond de 29,89 € par heure chômé, rappelle le site service-public. Laurent Berger souhaite dont qu'en cas de mise au chômage partiel en raison des coûts de l'énergie, le salarié soit indemnisé à 100% par l'employeur, qui se verrait financé cette aide par l'État.

À l'étranger, des usines à l'arrêt

La France n'est pas la seule touchée par l'arrêt forcé de certaines activités. Nyrstar, l’un des leaders mondiaux de la fonderie, détenu par le négociant suisse Trafigura, avait annoncé mi-août, la "mise en maintenance forcée" de son usine de zinc de Budel aux Pays-Bas à compter de ce jeudi 1er septembre

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