Prisons: lancement d'un plan national pour lutter contre les violences de façon "systémique"

Quartier d'isolement en prison (image d'illustration) - Édouard Hue / Wikimédia
Quartier d'isolement en prison (image d'illustration) - Édouard Hue / Wikimédia

Le ministère de la Justice a lancé ce vendredi un plan national pour lutter de façon "globale" et "systémique" contre les violences en milieu carcéral mais aussi en dehors de la prison, un phénomène en "forte croissance".

Ce plan décline "100 mesures concrètes permettant d'agir sur les pratiques quotidiennes afin de combattre toutes les formes de violences (verbales, physiques, matérielles, institutionnelles)", précise un communiqué de la Chancellerie.

"Les violences en milieu pénitentiaire sont une réalité, mais ça ne doit pas devenir une fatalité", a déclaré le directeur de l'Administration pénitentiaire Laurent Ridel, lors d'un séminaire au ministère de la Justice.

Des actes "largement sous-estimés"

Le plan national de lutte contre les violences (PNLV) doit permettre en premier lieu d'apporter une connaissance plus fine des violences, à travers des outils de recensement ou des enquêtes de victimation, afin de mieux les prévenir.

En 2022, 11.697 actes de violences entre détenus ont été comptabilisés par l'Administration pénitentiaire, mais ces chiffres sont "largement sous-estimés", a souligné Laurent Ridel.

"Ce qui se passe dans les cellules surencombrées la nuit n'est pas toujours porté à la connaissance des agents", a-t-il ajouté.

Une baisse drastique, mais ponctuelle en 2020

Le nombre de violences physiques entre détenus avait connu une baisse en 2020 (8204 au total), du fait des mesures prises pour lutter contre l'épidémie de coronavirus qui avaient entraîné une chute drastique du nombre de prisonniers.

Mais elles sont reparties à la hausse en 2021 (9829 actes de violences), une tendance qui s'est confirmée en 2022, alors que les prisons connaissaient de nouveau des taux de surpopulation record. Les violences sur les personnels sont également en progression: 4911 actes ont été recensés en 2022, contre 4222 en 2021 et 3611 en 2020.

Le plan ne concerne pas que les violences commises dans les établissements pénitentiaires, mais aussi celles dans les services d'insertion et de probation, dans les tribunaux ou sur la voie publique lors du transfert de détenus.

En sont exclus les suicides de détenus, qui font l'objet d'un plan distinct, et les violences perpétrées par le personnel pénitentiaire, traitées dans le cadre d'un "Observatoire des violences".

Mieux former et impliquer les détenus

Avec son plan national, le ministère veut améliorer les dispositifs de sécurité (gilets pare-lames, brouilleurs de téléphone, lutte contre les drones) ou encore créer un réseau de référents locaux pour mieux centraliser les "bonnes pratiques".

Autre axe clé de ce plan: la formation à la gestion des conflits, que les personnels interviennent en prison ou hors les murs.

Les personnes détenues seront également davantage impliquées dans la prévention des violences, à l'image de dispositifs en cours d'expérimentation notamment à Fleury-Mérogis, qui mettent en relation les nouveaux arrivants avec les autres détenus.

Article original publié sur BFMTV.com