La prise d'otages se poursuit à Sydney

La prise d'otages se poursuit à Sydney

par Matt Siegel et Jane Wardell SYDNEY (Reuters) - Une prise d'otages est toujours en cours lundi en début de soirée dans un café du centre de Sydney, la plus grande ville d'Australie, où un homme agissant apparemment seul a fait brandir un drapeau noir portant des inscriptions blanches en arabe. Les négociateurs de la police sont en contact avec lui mais les autorités n'ont fait aucun commentaire sur ces exigences ni sur ces motivations. D'après des médias australiens, qui s'appuient notamment sur des messages postés sur les réseaux sociaux, l'homme exigerait de s'entretenir directement avec le Premier ministre, Tony Abbott. Il aurait également affirmé avoir dissimulé deux bombes dans Sydney mais la police affirme que l'incident est "contenu en un seul lieu". La prise d'otages a débuté vers 09h45 (dimanche 22h45 GMT) dans le café Lindt, sur Martin Place. Elle se poursuivait alors que la nuit est tombée. Cinq otages, trois hommes puis deux employées de l'établissement, ont pu quitter les lieux. On ignore s'ils se sont enfuis ou s'ils ont été relâchés. Les policiers les interrogent. "Notre méthode est de résoudre cette crise aussi pacifiquement que possible. La priorité est d'assurer la sécurité de toutes les personnes concernées", a dit la commissaire adjointe de la police de Sydney, Catherine Burn. Le quartier, où se trouvent aussi le siège de la banque centrale australienne et des banques commerciales, a été bouclé et des unités d'intervention sont en place. Plusieurs bâtiments, dont l'Opéra de Sydney et le consulat des Etats-Unis, situés non loin, ont été évacués. UNE QUINZAINE D'OTAGES ? Le visage du preneur d'otage est apparu sur des images de très mauvaise qualité diffusées par les télévisions australiennes. C'est un homme d'âge moyen portant une barbe et vêtu d'un tee-shirt blanc. Il a un bandeau dans les cheveux. Pas plus qu'elle ne commente ses exigences, la police n'a précisé le nombre de personnes qu'il retient. "Je ne peux pas spéculer sur le nombre de personnes qui se trouvent toujours dans ce café", a dit Catherine Burn. Mais la police a indiqué que leur nombre exact était inférieur aux 30 à 40 otages un temps mentionnés par des médias. D'après Chris Reason, un journaliste de la chaîne de télévision Channel Seven dont les locaux se trouvent en face du café, il y aurait une quinzaine d'otages à l'intérieur de l'établissement. "Depuis notre rédaction de Martin Place, nous voyons un homme armé qui contraint ses otages à se tenir à tour de rôle devant les vitres, parfois pendant deux heures", a-t-il ajouté sur Twitter. Andrew Scipione, le chef de la police de Nouvelle-Galles du Sud, avait indiqué auparavant que l'affaire s'orientait sur un "événement terroriste". L'Australie, qui participe à la coalition militaire organisée par les Etats-Unis contre l'Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak, est en état d'alerte élevée. Les autorités craignent des attaques de la part de musulmans australiens de retour des combats au Proche-Orient. En septembre, la police antiterroriste australienne avait annoncé avoir déjoué une menace imminente de décapitation au hasard et, quelques jours plus tard, un adolescent à Melbourne avait été abattu après avoir attaqué deux membres de l'antiterrorisme avec un couteau. L'inscription qui figure sur le drapeau noir que le preneur d'otage a fait brandir contre une vitre de l'établissement serait la shahada, la profession de foi de l'islam qui dit: "Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète." Le Conseil australien national des imams a dit "condamner sans équivoque cet acte criminel" dans un communiqué commun avec le grand mufti d'Australie. (avec Lincoln Feast et Swati Pandey; Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français)