Pris dans un typhon, cet oiseau a été trimbalé à toute vitesse sur des centaines de kilomètres (et il a survécu)

Un Puffin Leucomèle c’est retrouvé pris dans un typhon
Wikipédia - Kanachoro / NICT Un Puffin Leucomèle c’est retrouvé pris dans un typhon

ANIMAUX - Une histoire à la Chuck Norris. En septembre 2019, le typhon Faxai s’abat sur le Japon, causant deux morts, des dizaines de blessés et d’importants dégâts matériels. Malgré sa puissance, un oiseau de 600 grammes y a survécu. Il s’agit d’un Puffin leucomèle ou Calonectris leucomelas de son nom latin.

Une colonie de nidification réside à Mikurajima, une île située non loin de Tokyo. Un mois avant le typhon, le chercheur Kozue Shiomi, de l’Université de Tohoku (Japon), a attaché des balises GPS sur 14 individus adultes, dans le cadre d’une étude. Les résultats ont été publiés récemment dans la revue Ecology et l’un d’eux a donc vécu une journée particulièrement tourmentée.

Un oiseau recordman

Suite au passage du typhon, le chercheur qui venait de poser ses balises à décider de recueillir les données pour comprendre comment les oiseaux avaient réagi face à cette catastrophe naturelle. Tous les oiseaux l’ont évité, soit en le contournant, soit car ils se trouvaient trop loin pour être inquiétés. Tous, sauf un mâle.

Durant son périple, il a battu tous les records. Cette espèce d’oiseau pèse à l’âge adulte entre 400 et 600 grammes en moyenne. Ils volent généralement à des vitesses comprises entre 10 et 60 km/h. Dans le typhon, il a atteint des vitesses allant de 90 à 170 km/h. Alors que les Puffin leucomèle restent généralement à proches du niveau de la mer, ne montant pas à plus de 100 mètres d’altitude, celui-ci a atteint les 4700 mètres, soit un kilomètre plus haut que le mont Fuji.

Les différentes données de vitesse, d’altitude et de distance avec son île d’origine (Mikurajima). Source : Kozue Shiomi, université de Tohoku
Kozue Shiomi, université de Tohoku Les différentes données de vitesse, d’altitude et de distance avec son île d’origine (Mikurajima). Source : Kozue Shiomi, université de Tohoku

(Grosse) cerise sur le gâteau, cet oiseau s’est retrouvé forcé de réaliser cinq boucles de 50 à 80 km, parcourant une distance totale de 1146km. Soit plus de 27 marathons. L’oiseau a ainsi été transporté au-dessus du Japon continental avant de retourner dans l’océan pacifique.

Tracé du voyage réalisé par le puffin lors de son aventure dans le typhon. Source : Kozue Shiomi, université de Tohoku
Kozue Shiomi, université de Tohoku Tracé du voyage réalisé par le puffin lors de son aventure dans le typhon. Source : Kozue Shiomi, université de Tohoku

Pourquoi s’infliger cela ?

Les chercheurs sont dubitatifs sur la raison pour laquelle il s’est retrouvé dans le typhon. Une hypothèse est qu’il aurait simplement eu du mal à se repérer dans l’espace. Par contre, il y aurait une explication sur son temps passé dans le typhon.

Les Puffin leucomèle sont des oiseaux pélagiques, c’est-à-dire qui vivent en mer, au large. Un élément qui à son importance pour comprendre la raison de cet incident. S’il n’y a pas de certitude, il semblerait que le puffin ait été capable de s’échapper du typhon. Mais il aurait préféré se laisser porter par les rafales de vent pour retourner au-dessus de l’eau.

Comme dit précédemment, les puffins volent à très basse altitude. Cette technique est efficace au-dessus de l’océan, leur terrain de jeu favori. Mais sur terre, c’est une autre histoire. À cause des infrastructures humaines (bâtiments, véhicules, lignes électriques etc.), survoler la terre comporte de très gros risques. À cela s’ajoute le fait qu’ils sont très maladroits sur un sol solide. S’ils sont forcés d’atterrir, ils se retrouvent alors sans défense face aux prédateurs.

Des catastrophes naturelles qui s’intensifient

Au final, plus de peur que de mal. L’oiseau a repris la mer comme le typhon et a pu se poser sur l’eau. Selon le GPS, « il s’est posé sur l’eau vers 8h00. Après avoir échappé au typhon, l’oiseau est resté à la surface de l’eau pendant 5 heures pour se reposer et/ou attendre le départ du typhon, puis est parti vers sa zone d’alimentation habituelle » , explique l’étude.

Ces donnés fournissent des renseignements précieux sur les stratégies qu’adoptent les oiseaux pour éviter ce genre de catastrophes naturelles. Certains prennent de l’altitude, se placent dans l’œil du cyclone tandis que d’autres restent au sol. Il est essentiel de mieux comprendre ces comportements, car le changement climatique induit une intensification de ces catastrophes naturelles. Dès lors, est-ce que ces oiseaux seront capables d’y faire face ? Rien n’est moins sûr, et si cette histoire se termine bien, de plus en plus d’oiseaux pourraient atteindre leur limite.

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