Primaire républicaine : Donald Trump, l’absent qui est resté au cœur des débats

Primaire républicaine : absent, Trump reste au coeur des débats (Photo des candidats à la primaire républicaine américaine le 23 août sur Fox News) (
Primaire républicaine : absent, Trump reste au coeur des débats (Photo des candidats à la primaire républicaine américaine le 23 août sur Fox News) (

ETATS-UNIS - Inflation, insécurité, avortement… Et surtout Donald Trump : les candidats républicains à la présidentielle américaine de 2024 se sont écharpés sur de nombreuses questions mercredi 23 août lors du premier débat télévisé de la campagne. Mais ceci sans l’ancien président, qui avait refusé de participer alors qu’il est cerné par les enquêtes.

Les quatre inculpations de Donald Trump, qui font l’objet d’une attention médiatique vertigineuse, ont donné lieu aux échanges les plus acrimonieux pendant ce débat, qui rassemblait les prétendants du parti conservateur pour affronter Joe Biden en 2024. Mais le sujet « Donald Trump » a aussi donné lieu à une séquence des plus étranges.

Trump toujours bon candidat à la présidence même en cas de condamnation ?

À la question de savoir si Donald Trump devrait se voir confier les clés de la Maison Blanche, même s’il était condamné pénalement en justice, tous les candidats - sauf deux - ont levé la main, de façon plutôt hésitante. Y compris Ron DeSantis, le principal rival de l’ancien président, mais dont le statut d’étoile montante de la droite dure a été fortement remis en question ces dernières semaines.

« Lors du premier débat des primaires républicaines, il a été demandé aux candidats de lever la main s’ils soutiendraient encore Donald Trump en tant que candidat du parti s’il était reconnu coupable. »

Les deux à ne pas l’avoir fait furent les deux anciens gouverneurs Asa Hutchinson et Chris Christie. Ce dernier a d’abord semblé lever la main, mais il a expliqué qu’en fait il faisait un geste de désapprobation.

« Il est grand temps d’arrêter de normaliser son comportement », a au contraire déclaré Chris Christie, un des candidats les plus critiques de Donald Trump, mais qui a été vivement hué par le public.

« Vivek Ramaswamy et Chris Christie se sont affrontés lors du premier débat des primaires républicaines sur la question du soutien à Donald Trump alors qu’il fait face à de multiples enquêtes criminelles. »

Gracier Trump s’il est reconnu coupable

Et ce n’est pas la seule fois où l’ancien président a été évoqué. Le candidat Vivek Ramaswamy, entrepreneur climatosceptique, s’est engagé à gracier Trump s’il est élu président, appelant d’autres à se joindre à lui pour faire la même promesse.

« Je ne sais pas pourquoi vous pensez que Donald Trump sera reconnu coupable de ces crimes », a rétorqué Pence avant d’ajouter : « C’est la différence entre vous et moi. J’ai accordé des grâces lorsque j’étais gouverneur de l’État de l’Indiana. Cela fait généralement suite à un constat de culpabilité et de contrition de la part de l’individu condamné ». Il a ensuite déclaré qu’il envisagerait toute grâce basée sur le mérite en cas de condamnation.

Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump, ce sexagénaire a changé de ton à la suite de l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier 2021 -- un autre sujet vivement commenté à Milwaukee mercredi.

Mercredi soir, il a une fois encore pris ses distances avec Trump en évoquant la présidentielle de 2020. Il a ainsi déclaré que la demande de Trump pour qu’il utilise son rôle cérémoniel pour recompter les votes du collège électoral afin d’annuler les résultats était inconstitutionnelle. « Il m’a demandé de le placer au-dessus de la Constitution. Et j’ai choisi la Constitution », a-t-il déclaré.

Une chance de se distinguer face à Trump

Le principal intéressé, Donald Trump, avait choisi de snober ce rendez-vous, organisé à Milwaukee dans le Wisconsin, en raison selon lui de sa très large avance dans les enquêtes d’opinion républicaines. C’est tout le paradoxe : inculpé au pénal quatre fois en moins de six mois, l’ex-dirigeant écrase pour l’instant toute la concurrence dans la course à l’investiture républicaine.

Chaque rebondissement dans sa longue saga judiciaire lui rapporte des millions de dollars en dons, versés par des trumpistes convaincus que le septuagénaire est victime d’une « chasse aux sorcières ».

Pour les rivaux de l’ex-magnat de l’immobilier, qui peinent à exister dans un univers politique et médiatique complètement centré autour des déboires judiciaires de l’ancien président, cette soirée était la chance de se distinguer à ne pas rater.

Certaines des piques les plus vives ont fusé quand la question de l’avortement a été abordée -- un sujet politiquement miné pour les républicains, qui ont récemment enchaîné les revers sur cette question dans les urnes. Notamment entre Nikki Haley, la seule femme à prétendre à l’investiture républicaine, et l’ancien vice-président Mike Pence, qui a « consacré sa vie à Jésus Christ ».

D’autres candidats relativement inconnus du grand public et prétendants possibles à un poste de vice-président ont cherché à avoir leur moment de gloire. « Laissez-moi répondre à la question que tout le monde se pose à la maison ce soir : qui est ce type maigre avec un drôle de nom de famille ? », a lancé Vivek Ramaswamy, un entrepreneur qui a fait fortune dans les biotechnologies, suscitant des rires dans l’assemblée.

Joe Biden et la frontière avec le Mexique, les grands axes de Trump

Mais l’équation était d’autant plus périlleuse que Donald Trump lui-même avait décidé d’assurer la contre-programmation.

L’ancien président, volontiers provocateur, a donné une interview à Tucker Carlson, ancien animateur vedette de Fox News, diffusée sur X (ex-Twitter) volontairement à la même heure que le débat.

Durant un échange d’environ 45 minutes, Donald Trump a couvert des sujets très variés et parfois inattendus, comme le décès en prison du financier déchu Jeffrey Epstein, ou sa relation avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.

Le républicain a assuré que sa priorité, s’il revenait à la Maison Blanche, serait de « fermer la frontière » avec le Mexique pour réduire l’immigration. Il a également multiplié les attaques contre Joe Biden, qualifié de « pire président de l’histoire de notre pays ».

Trump absent du débat mercredi, mais prévu face à la justice jeudi

Illustration de la drôle de campagne dans laquelle l’ancienne star de la télé-réalité est lancée, Donald Trump se rendra dès ce jeudi à Atlanta pour se présenter aux autorités de l’État américain de Géorgie, où il est accusé d’avoir tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020.

En pratique, Donald Trump sera placé formellement en état d’arrestation. Les autorités de cet État du sud-est du pays devraient ensuite prendre sa photo d’identité judiciaire, le fameux « mugshot », à l’effet potentiellement infamant pour le candidat républicain. Il ressortira ensuite libre, ayant versé une caution de 200.000 dollars.

Parmi les téléspectateurs du débat de Fox News a figuré Joe Biden, qui affrontera, sauf grande surprise, le vainqueur de ces primaires républicaines le 5 novembre 2024. La question de l’âge du dirigeant démocrate, premier président octogénaire de l’histoire des États-Unis, a d’ailleurs été brièvement abordée et le président a été hué par le public au début de l’émission.

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