Présidentielle : le PS et LR sont-ils morts ?

Valérie Pecresse (LR) et Anne Hidalgo (PS) candidates battues au premier tour de la présidentielle (Photo by Ludovic MARIN / various sources / AFP)

Les deux partis historiques ont pour la première fois enregistré tous les deux un score de moins de 5% des voix au premier tour de l'élection présidentielle.

Débâcle historique pour les deux partis qui ont gouverné la France durant des dizaines d'années. Le Parti socialiste et Les Républicains ont tous deux récolté moins de 5% des voix lors du premier tour de l'élection présidentielle, une première.

De quoi poser la question de leur avenir. "Il faut dissocier l'avenir organisationnel de l'avenir électoral. Une déroute électorale pèse sur ses ressources financières, ce qui a un impact sur l'organisation : obligation de se séparer de salariés, voire de vendre des biens comme le siège du PS en 2017", rappelle le politologue Thomas Frinault.

Des difficultés financières

En décembre 2017, le Parti socialiste est en effet contraint de vendre son siège historique rue de Solférino pour 45,5 millions au promoteur immobilier Apsys pour renflouer ses pertes estimées à 100 millions d'euros sur cinq ans, soit les trois quarts de ses recettes environ. Plusieurs salariés sont également licenciés.

Cette année, c'est au tour des Républicains de faire face à des difficultés financières à l'issue de la présidentielle et en attendant les législatives : 7 millions d’euros de son budget de campagne ne seront pas remboursés par l’État, comme le prévoit la loi. Valérie Pécresse en appelle même aux dons auprès des électeurs de son parti.

"Une débâcle électorale n'entraîne pas forcément la mort du parti"

"Toute une économie est liée aux performances des partis au niveau électoral, via les dotations publiques. Une débâcle électorale entraîne des conséquences financières, qui impactent dont le fonctionnement du parti, mais ça n'entraîne pas forcément la mort du parti, qui peut continuer à exister électoralement", poursuit le politologue Thomas Frinault.

Un constat que partage le politologue Pierre Bréchon, qui rappelle que le PS et LR sont loin d'être morts électoralement. "Ce sont deux partis qui ont encore très ancrés localement, à la tête de plusieurs régions, et de villes importantes à l'inverse des trois partis qui sont arrivés en tête du premier tour, LREM, le RN et LFI. Cet ancrage local leur permet de continuer à faire vivre leur idées", poursuit l'auteur de "Les élections présidentielles françaises" au Presse universitaire de Grenoble.

LR et le PS, bien implantés localement

Le PS dirige par exemple la région Occitanie, la Bretagne, la Nouvelle-Aquitaine ainsi que des villes de premier plan comme Paris, Lille, Marseille et Nantes. LR dirige la région Île-de-France, les Hauts-de-France, la région Auvergne Rhône-Alpes et des villes comme Nice et Toulouse. Autant dire que ces deux partis restent bien implantés localement.

Au PS, Jean-Christophe Cambadélis estime dans Le Parisien que la survie du Parti socialiste passe par une "dissolution" : "Il faut annoncer, lors du prochain conseil national du 19 avril prochain, qu’on changera tout, annoncer la tenue, à l’automne, d’un congrès d’autodissolution pour la refondation. Il faut lever l’hypothèque d’un replâtrage, d’un 'sauve-qui-peut'", estime l'ancien premier secrétaire du parti.

"LR est loin d'être mort"

"Le PS était moribond dès 2017, après la séquence présidentielle et législatives. LR les rejoint 5 ans plus tard dans cette mauvaise séquence. Mais en 5 ans, le PS a conservé des grandes villes et des régions, donc même en cas de débâcle électorale aux législatives, LR est loin d'être mort", ajoute le politologue Thomas Frinault.

Les législatives sont prévues les 12 et 19 juin. "Une partie de l'avenir du PS et de LR va se jouer lors de ces législatives. À droite, selon les éventuelles alliances ou défections, le parti va perdre des plumes. Il peut imploser selon les divisions, ou se vider de l'intérieur par des départs successifs. Si le parti enchaine des défaites aux présidentielles, aux législatives puis aux élections locales son avenir sera peut être en danger. Mais les prochaines élections nationales sont prévues en 2026, avec les municipales. Ça laisse 4 ans à ces partis pour se relever après les législatives", conclut le politologue Thomas Frinault.

"il y a toujours des membres qui refusent la mort d'un parti et continuent à le faire survivre"

Des partis encore loin d'être morts mais qui déclinent au niveau électoral. "De toute façon, c'est toujours difficile de déclarer la mort d'un parti, car même lorsqu'ils sont en mauvaise position, il y a toujours des membres qui refusent cette mort et continuent à le faire survivre", nous rappelle Pierre Bréchon, qui prend l'exemple du PSU pour illustrer son propos.

Le PSU, parti socialiste unifié, fondé en 1960, tente de trouver sa vie entre la SFIO (futur PS) et le PCF, et atteint près de 4% à la présidentielle de 1969. En 1973, le parti est marqué par le départ d'une bonne partie de la direction nationale du parti, derrière Michel Rocard, pour rejoindre le Parti socialiste. Le parti peine ensuite à atteindre 1% aux élections. Le parti survit dans l'anonymat jusqu'à sa dissolution, en 1989.

VIDÉO - Présidentielle 2022 : entre tripartisme et décomposition politique de la France