Première canicule en Espagne, sécheresse historique en Italie

En Espagne, alors qu'une première canicule s'abat sur le pays, les rizières d'Isla Mayor, près de Séville, devraient être d'un vert éclatant. Mais la sécheresse historique qui frappe la campagne espagnole, après trois années de faibles précipitations et de températures élevées, a rendu la terre terriblement aride.

Le manque de pluie a causé des pertes irréversibles sur plus de 3,5 millions d'hectares de cultures et anéanti certaines récoltes de céréales en Andalousie, en Castille-La Manche, en Estrémadure et en Murcie.

Eduardo Vera Canuto, riziculteur : "Nous vivons une situation alarmante, non seulement à cause de cette campagne agricole, qui est très compliquée, mais aussi parce que nous n'allons pas pouvoir semer de riz. Nous avons eu cinq saisons, et celle-ci serait la sixième, avec beaucoup de difficultés".

Le gouvernement espagnol a lancé un S.O.S. à Bruxelles pour débloquer une aide du fonds de crise en faveur des agriculteurs.

Parallèlement à cette demande, Madrid a annoncé mardi une série de coups de pouce fiscaux pour le secteur, dont une baisse de 25% de l'impôt sur le revenu, devant profiter à quelque 800 000 professionnels.

Selon le ministère de la Transition écologique, les réservoirs du pays - qui stockent l'eau de pluie afin de pouvoir l'utiliser lors des mois plus secs - sont ainsi à seulement 50% de leur capacité, voire un quart dans certains territoires, comme la Catalogne au nord-est du pays.

Selon l'ONU, près de 75% du territoire espagnol est aujourd'hui en voie de désertification en raison du réchauffement climatique. Cette situation met en péril le secteur agricole, pilier de l'économie espagnole, qui absorbe plus de 80% des ressources hydriques du pays.

La situation n'est guère plus enviable en Italie. Cette année encore, le Pô, le plus grand fleuve du pays, est au plus bas. Son débit est le plus faible de ces trente dernières années pour un mois d'avril, comme l'été dernier.

Un capitaine de bateau témoigne : "J'ai navigué pour la première fois sur le Pô à l'âge de 13 ans et j'ai appris à nager dans ce fleuve à l'âge de 5 ans. Je me souviens d'un fleuve plein, plein de vie aussi, de bateaux, de pêche, maintenant il n'y a plus rien. "

A tel point que l'entrepreneur va devoir annuler toutes ses croisières sur le fleuve.

La sécheresse du Pô est due au manque de neige dans les Alpes. Toute la région le long du fleuve, entre Turin et Venise, connue comme la vallée alimentaire italienne, en subit les conséquences, car les pêcheurs, les bateaux, les terres agricoles et le tourisme, qui attire des millions de personnes chaque année, dépendent de son eau.