Précarité : le taux de "privation matérielle et sociale" n’a jamais été aussi élevé, alerte l’Insee

L’augmentation des prix de l’énergie a fait augmenter le taux de privation calculé par l’Insee depuis 2013.

Le taux de « privation matérielle et sociale », une manière alternative de mesurer la pauvreté, a atteint 14 % de la population de France hexagonale début 2022, c’est-à-dire 9 millions de personnes, a alerté jeudi 20 juillet l’Insee.

C’est le plus haut niveau depuis la création de cet indicateur en 2013. Ce taux atteignait 13,4 % en 2020, et 12,4 % en 2013, a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques.

La hausse du taux de privation est notamment due à l’augmentation des prix de l’énergie : 10,2 % des ménages déclarent ne pas pouvoir chauffer suffisamment leur logement en 2022, contre 6,1 % en 2021 et 5 % en 2018. L’Insee y voit en particulier l’impact de la hausse du prix fioul domestique, « combustible de chauffage que les ménages vulnérables utilisent davantage que les autres ».

Quelques indicateurs vont dans le bon sens

Contrairement aux taux de pauvreté monétaire, basé sur les revenus des ménages, le taux de privation repose sur le renoncement des ménages à certains produits ou services, comme posséder deux paires de chaussures, se chauffer correctement, manger de la viande ou du poisson tous les deux jours, ou partir une semaine en vacances chaque année.

Si un ménage cumule au moins cinq de ces renoncements parmi une liste de 13 éléments « considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable », il est en situation de « privation matérielle et sociale », ou en d’autres termes « pauvre en conditions de vie ».

Par exemple, 24,4 % des ménages n’ont pas pu partir au moins une semaine en vacances contre 22,3 % en 2019. D’autres indicateurs sont plus réjouissants : si 5,9 % des Français vivant dans un logement ordinaire ne pouvaient pas posséder deux paires de chaussures à cause de problème d’argent en 2019, ils sont désormais 4,1 %. La tendance est la même concernant les vêtements.

Les familles monoparentales plus touchées

Le taux de privation au global dépend beaucoup de la composition des ménages, observe l’Insee : il atteint 6,8 % parmi les couples sans enfants, 15,8 % chez les personnes seules mais 31,1 % parmi les familles monoparentales.

« Début 2022, la fréquence des situations de privation matérielle et sociale augmente nettement par rapport à 2020 dans les communes rurales (+2 points), et dans une moindre mesure dans les communes urbaines de densité intermédiaire (+1,6 point) » alors qu’elle « recule dans les grands centres urbains », ajoute aussi l’Insee.

Ces chiffres sont issus de l’enquête « Statistiques sur les ressources et les conditions de vie », pour laquelle l’Insee a interrogé plus de 17 000 ménages, soit près de 39 000 personnes.

La France est « proche de la moyenne européenne », le taux de privation dans les pays de l’UE atteignant 12,7 % - mais 11,5 % en Allemagne, 9 % en Italie et moins de 5 % au Luxembourg, en Scandinavie et dans certains pays de l’Est.

Le taux de pauvreté monétaire, de son côté, exprime la part des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du revenu de vie médian. Ce taux atteignait 14,6 % de la population en 2020, selon l’Insee.

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