PPDA: accusé d'avoir révélé trop de détails, l'auteur du livre-enquête sur l'ancien présentateur répond

"Je ne veux pas rajouter de la souffrance à la souffrance". Le journaliste Romain Verley, auteur de PPDA, le Prince Noir paru le mercredi 8 février 2023 aux éditions Fayard, est accusé par une victime présumée de l'ancien présentateur vedette d'avoir dévoilé dans son livre des extraits intimes de sa déposition faite à la police.

Invité du podcast quotidien "Le Titre à la Une" de BFMTV, le journaliste ,qui a également signé un Complément d'enquête consacré aux nombreuses accusations qui visent Patrick Poivre d'Arvor, s'est expliqué à notre micro sur ce choix.

"Dans ce livre, je n'ai 'outé' personne, je n'ai 'outé' aucune victime. Les victimes qui sont dans mon livre m'ont parlé soit à moi, soit à la presse notamment Libération et Mediapart. [...] Leurs paroles, leurs traumatismes, leurs viols racontés sont entrées dans l'espace public", a-t-il déclaré.

"Dans mon enquête j'ai estimé qu'il était important de raconter ce cérémonial", a-t-il poursuivi.

Le journaliste dément tout "voyeurisme"

Dans le livre figurent notamment des extraits de dépositions de plusieurs femmes racontant en détail leur viol par PPDA. Des détails jusqu'ici non relayés par la presse. Raison pour laquelle l'une des plaignantes a lancé un recours en référé contre le livre-enquête. Selon nos confrères du Parisien, le tribunal de Paris a été saisi en urgence pour "atteinte à la vie privée".

"Il y a une seule plaignante, une seule femme, qui estime que ce livre n'avait pas à raconter l'intimité du viol. Elle avait dit sur le plateau de Mediapart qu'elle avait été violée en 1995 dans le bureau de Patrick Poivre d'Arvor", a précisé Romain Verley au micro de BFMTV.

"Dans mon livre, je raconte la scène de viol parce que - aucun voyeurisme de ma part - c'est simplement pour raconter le phénomène systémique, systématique, mécanique, industriel de ces invitations", s'est justifié le journaliste.

Le témoignage anonymisé pour les prochaines réimpressions

La justice a finalement tranché mardi 8 février, soit la veille de la parution du livre et autorisé celle-ci, estimant que "l'intérêt général majeur" l'emportait. "Je ne m'en veux pas parce que la justice nous a donné raison et estimé qu'au nom de l'intérêt public, les fait que je racontais étaient justifiés et nécessaires", a réagi Romain Verley à notre micro.

Le journaliste, qui dit "comprend(re) tout à fait la souffrance de cette femme" qui "a eu un courage incommensurable de parler", a néanmoins fait savoir qu'il allait rendre anonyme ce témoignage dans les prochaines réimpressions de son livre.

"J'espère modestement, et sincèrement que ce livre va participer à la bonne connaissance du public et peut-être à relancer l'affaire PPDA. Après mon documentaire d'autres femmes sont venues se confier à moi, j'espère que ce livre va permettre à d'autres femmes de sortir de leur silence", a ajouté Romain Verley.

22 femmes ont, à ce jour, porté plainte contre Patrick Poivre d'Arvor dont 11 pour viols.

Article original publié sur BFMTV.com