Pourquoi Sarah Mardini, héroïne des « Nageuses » sur Netflix risque 20 ans de prison en Grèce

L’histoire de Sarah Mardini, qui a quitté parents et petite soeur en Syrie, pour aller chercher refuge en Allemagne est racontée dans « Les Nageuses », un des beaux succès Netflix en 2022.

ÉCRANS - Le chaos et la colère ont régné ce mardi 10 janvier au procès sur l’île grecque de Lesbos de 24 travailleurs humanitaires accusés d’« espionnage », parmi lesquels la réfugiée syrienne Sarah Mardini. Les accusés encourent « jusqu’à 25 ans de prison » pour l’ensemble des accusations, estime Amnesty International.

La jeune femme qui n’était pas présente lors de cette journée d’audience, a été arrêtée en août 2018 alors qu’elle travaillait comme bénévole pour l’ONG ERCI sur cette île grecque qui a vu des centaines de milliers de réfugiés notamment syriens affluer dans des conditions dramatiques en 2015 et 2016.

Comme un écho à l’histoire de Sarah Mardini et de sa soeur, la nageuse olympique Yusra, qui a suscité un immense intérêt au point qu’elles sont à l’affiche du film « Les Nageuses » diffusé sur la plateforme Netflix. Le long-métrage raconte les dix dernières années de Yusra et de sa soeur Sarah, quittant parents et petite soeur en Syrie pour chercher refuge en Allemagne. Là-bas, Yusra reprend les entraînements de natation jusqu’à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, puis cinq ans plus tard à ceux de Tokyo au sein de l’équipe olympique des réfugiés.

Sarah Mardini, dont le rôle est joué par la franco-libanaise Manal Issa, a passé trois mois en prison en Grèce avant de pouvoir rentrer à Berlin, où elle est réfugiée depuis 2015. Elle n’avait pas pu se rendre à l’ouverture du procès en raison d’une interdiction d’entrer en Grèce.

Dans un entretien au quotidien allemand Tagesspiegel fin 2021, la jeune femme avait confié son profond mal-être dû à ses démêlés judiciaires.

« Je veux retrouver ma vie (d’avant). Ces trois dernières années, je n’ai pas eu de vie (...) J’existe par mon corps. Mais par rien d’autre en ce moment », avait dit la Syrienne qui a abandonné des études dans une université berlinoise et indiqué souffrir de troubles psychologiques.

Audience chaotique

Ce procès, présenté dans un rapport du Parlement européen comme « la plus grande affaire de criminalisation de la solidarité en Europe », a été ajourné jusqu’à vendredi après une première interruption en matinée en raison de l’absence d’un des accusés et de son avocat.

La présidente de la Cour a précisé mardi que seules les accusations d’« espionnage » à l’encontre de ces travailleurs humanitaires allaient être examinées tandis que les poursuites pour les crimes de blanchiment d’argent, trafic de migrants et fraude seront examinées plus tard lorsque l’instruction sera achevée.

Cette audience chaotique a suscité un vif mécontentement des accusés et ONGs de défense des droits humains alors que les poursuites ont été lancées par la justice grecque il y a plus de quatre ans.

Les avocats des accusés ont réclamé mardi que la Cour abandonne les charges dans ce premier volet en raison de vices de procédure comme le manque de traductions de documents judiciaires ou l’absence d’envoi de documents à certains accusés pour qu’ils se présentent en tribunal.

« Les avocats (de la défense) ont fourni des arguments irréfutables démontrant pourquoi la façon dont se déroule ce procès est inacceptable », a assuré l’Allemand d’origine irlandaise Sean Binder, l’un des principaux accusés, qui a réclamé l’application de « l’Etat de droit ».

« Toutes les accusations contre nous que ce soit pour espionnage ou blanchiment d’argent ne tiennent pas. Ce procès a un objectif politique », a renchéri un autre accusé, le Néerlandais Pieter Wittenberg.

Pour Human Rights Watch (HWR), les poursuites ont été engagées sur la base de rapports policiers contenant des erreurs factuelles « notamment des affirmations selon lesquelles certains des accusés ont participé à des opérations de sauvetage à des dates où ils ne se trouvaient même pas en Grèce ».

Devant la multiplication des procédures judiciaires à leur encontre, les ONG de sauvetage de migrants en mer ont presque toutes cessé leurs opérations en Grèce, pays accusé de procéder à des refoulements illégaux de migrants à ses frontières maritime et terrestre vers la Turquie.

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