Pourquoi le RN a les yeux rivés sur l’Italie

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SAMEER AL-DOUMY / AFP

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Marine Le Pen photographiée lors de la braderie d’Hénin-Beaumont dimanche 11 septembre (illustration).

POLITIQUE - Fini la Côte d’Azur, direction l’Hérault pour le Rassemblement national, qui a préféré Agde à Fréjus pour tenir ses universités d’été à partir de ce samedi 17 septembre.

L’occasion pour la formation d’extrême droite de se projeter sur l’élection à la présidence du parti, et pour Marine Le Pen de confirmer le ton de sa rentrée politique, après un premier aperçu donné à Hénin-Beaumont la semaine dernière.

Les deux candidats à la succession de la députée du Pas-de-Calais, Louis Aliot et Jordan Bardella, donneront à cette occasion un discours, sifflant ainsi le coup d’envoi de cette compétition interne, que d’aucuns craignent sanglante.

Fort de ses 89 députés à l’Assemblée nationale, le RN entend aussi profiter de cette rentrée pour parachever son processus de « normalisation », en insistant notamment sur la formation des cadres et la familiarisation avec les intrigues de la vie parlementaire.

Pour autant, difficile pour le parti lepéniste de faire l’impasse sur ce qui se passe à l’étranger, après le succès de l’extrême droite en Suède et le vent nationaliste qui souffle sur l’Italie.

Du côté de Rome en effet, la cheffe du parti Fratelli d’Italia Giorgia Meloni devrait, sauf surprise, devenir la prochaine présidente du Conseil - c’est-à-dire cheffe du gouvernement — le 25 septembre prochain.

« Évidemment que ça nous intéresse »

De quoi donner des ailes à Marine Le Pen et ses troupes, qui ont déjà mis le cap sur 2027. « L’Italie peut être le début d’une renaissance populaire et démocratique », espère auprès du Parisien Jordan Bardella, favori dans la course à la présidence du RN. Même enthousiasme chez Sébastien Chenu, porte-parole du parti à la flamme tricolore.

« Naturellement, notre allié en Italie c’est plus Matteo Salvini et son parti, avec lequel on siège au Parlement européen. Mais évidemment que ça nous intéresse. On ne voit pas d’un mauvais œil ce qu’il s’y passe, bien au contraire », explique au HuffPost le député du Nord, alors que le leader de la Ligue du Nord, essoré par sa participation au gouvernement, s’est rangé derrière l’étoile montante de la politique italienne, malgré de nombreuses divergences.

Des différences qui pourraient aussi s’appliquer à Giorgia Meloni et Marine Le Pen, tant la cheffe de file de Fratelli d’Italia ne partage pas (du tout) la ligne sociale et populiste portée par Marine Le Pen.

« C’est hyperintéressant ce qu’il se passe en Italie, parce qu’en réalité, Meloni c’est plutôt Zemmour », observe auprès du HuffPost Stanislas Rigault, président de la Génération Z, qui rappelle que l’intéressée « était à 4 % il y a un an ». Une manière de souligner que cette trajectoire pourrait s’appliquer au chef de Reconquête !.

Lors de son discours de rentrée, Éric Zemmour a d’ailleurs explicitement cité la candidate italienne - « que les journalistes enterraient »- comme modèle à suivre, alors que la vice-présidente exécutive de son parti, Marion Maréchal, est mariée à Vincenzo Sofo, eurodéputé de Fratelli d’Italia.

Victoire symbolique

De quoi mettre Marine Le Pen et ses troupes dans l’embarras en cas de victoire de Giorgia Meloni ? Théoriquement, la comparaison ne flatte pas le RN, puisque son allié traditionnel Matteo Salvini, qui cherchait lui aussi une « institutionnalisation » en rentrant au gouvernement dans le but de conquérir le pouvoir, est en perte de vitesse.

Pour autant, le symbole d’une victoire portée par des idées « nationales » serait suffisant pour le RN. « Comme Salvini est dans l’alliance de droite italienne, si Meloni gagne, ce sera une bonne nouvelle pour nous aussi », veut croire Thierry Mariani, cité par Le Parisien.

Le Rassemblement national pourrait aussi capitaliser sur l’image renvoyée par ce succès électoral. Car si les urnes confirment les sondages, Giorgia Meloni deviendra la première femme élue présidente du Conseil. Et la première personnalité issue de l’extrême droite à occuper ce siège. Soit exactement deux premières que Marine Le Pen rêve de réaliser en France.

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