Pourquoi des poussins continueront à être broyés en 2023 malgré l’interdiction

An employee of French firm Couvoirs de l'Est sorts new born chicks, in Willgotheim, eastern France, on December 1, 2022. - The Couvoirs de l'Est company, sell chicks to stockbreeders. (Photo by Frederick FLORIN / AFP)
FREDERICK FLORIN / AFP An employee of French firm Couvoirs de l'Est sorts new born chicks, in Willgotheim, eastern France, on December 1, 2022. - The Couvoirs de l'Est company, sell chicks to stockbreeders. (Photo by Frederick FLORIN / AFP)

ANIMAUX - La fin de l’enfer pour les poussins mâles, ce n’est pas pour tout de suite en France. Cette dernière, championne européenne de la production d’œufs, a imposé à ses couvoirs de s’équiper de machines d’ovosexage avant le 31 décembre 2022 afin d’interdire le broyage des mâles. Une date butoir initialement prévue pour fin 2021. Mais finalement, dans les faits, cela ne va pas vraiment se passer comme ça.

Aujourd’hui, les associations de défense des animaux crient en effet à la « trahison » du gouvernement. « Lors des discussions entre les professionnels de la filière et le ministère ont été évoquées des dérogations pour les œufs destinés à être transformés pour ‘raisons de compétition européenne’. C’est jusqu’à 50 % du total d’œufs produits en France !  » s’indigne Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214, auprès du Parisien. « On ne s’est pas méfiés. Ils sont en train de nous le faire à l’envers ! », s’emporte-t-elle.

Concrètement, alors que la loi doit s’appliquer au 1er janvier 2023, les élevages de poules pondeuses à destination de l’industrie alimentaire pourraient, eux, continuer de tuer les poussins mâles. Pas les poules dédiées aux « œufs coquilles » qu’on trouve dans la grande distribution. Le décret prévoit aussi une exception pour l’alimentation animale.

La fin virtuelle de l’interdiction du broyage ?

« C’est le problème de ce qu’on appelle les ‘petites portes’, des détails et des exceptions qui peuvent virtuellement signifier la fin de l’interdiction du broyage », dénonce Brigitte Gothière.

Du côté du Comité National pour la Promotion de l’Œuf, on essaie de tempérer auprès du Parisien : « Il ne s’agit pas de faire des croquettes pour chats et chiens et cela ne concerne certainement pas 25 millions d’œufs comme le clame L214, les exceptions s’appliquent en fait pour nourrir les rapaces et les reptiles, dans les zoos notamment. Le plus gros client est le Puy du Fou ».

« Le gouvernement ment sciemment, c’est scandaleux. Il démontre ainsi son indifférence manifeste à la souffrance des animaux et aux attentes citoyennes », dénonce encore Brigitte Gothière auprès de la Fondation 30 Millions d’Amis. Cette dernière attend d’ailleurs du gouvernement « qu’il tienne ses engagements et apporte toutes les garanties pour que cessent ces souffrances animales insupportables. »

Chaque année, 300 millions de poussins mâles sont tués dans l’Union européenne, dont 50 millions sur le seul territoire français, car incapables de pondre les œufs qui finiront dans nos assiettes.

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