Pourquoi je ne connais pas de familles nombreuses en Inde

Surpopulation. C’est l’une des premières idées qui vient à l’esprit à l’évocation de l’Inde : 1,4 milliard d’habitants dont la moitié a moins de 25 ans, 464 personnes par kilomètre carré, soit près de quatre fois la densité de population que l’on observe en France. À première vue, cela semble témoigner d’un faible contrôle des naissances dans le pays, non ?

Pourtant les résultats de la dernière enquête nationale sur la famille et la santé, publiés en fin d’année, sont formels : avec 2 enfants par femme en moyenne, l’Inde achèvera bientôt sa transition démographique – le taux de mortalité infantile encore relativement élevé et l’espérance de vie de 70 ans restent ce qui différencie la démographie indienne de celle des économies développées.

1,5 enfant par femme à Bombay

La transformation s’est opérée à une vitesse grand V : chaque Indienne donnait naissance à plus de 6 enfants en 1960, puis à 4,8 en 1980, à 3,3 en 2000, 2,2 en 2016 et 2,0 aujourd’hui. Et dans certaines régions, les chiffres sont même plus faibles. Ainsi dans le Maharashtra, l’État de Bombay, le taux de fécondité atteint aujourd’hui de 1,7, avec une disparité entre milieu urbain (1,5) et milieu rural (1,9).

Rien d’étonnant donc à ce que je ne connaisse pas de familles nombreuses en Inde dans les générations d’aujourd’hui. Même parmi les plus modestes, les adultes indiens ont deux enfants au maximum. Etrangement, je connais un peu plus de familles nombreuses en France, même si leur nombre diminue aussi. Je n’ai jamais entendu non plus de préjugés sur les enfants uniques en Inde. Une petite famille d’un ou deux enfants est considérée comme également désirable.

Recours massif à la stérilisation féminine

Comment cette rapide maîtrise de la population est-elle intervenue ? Essentiellement grâce à un recours massif à la stérilisation féminine. Aujourd’hui, 37,9% des Indiennes optent pour la ligature des trompes contre 36% en 2016. Au Maharashtra, elles sont même 49% à privilégier cette solution. Si des pratiques traumatisantes et dangereuses de stérilisation forcée avaient eu lieu notamment sous l’état d’urgence d’Indira Gandhi, entre 1975 et 1977, aujourd’hui les femmes y ont recours librement.

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