Pourquoi Macron est-il aussi présent depuis la rentrée ?

Entre interventions télévisées et rendez-vous internationaux très médiatisés, le chef de l'État est très présent dans les médias depuis la rentrée.

Emmanuel Macron sur TF1 le 24 septembre 2023 (Photo by Ian LANGSDON / AFP)
Emmanuel Macron sur TF1 le 24 septembre 2023 (Photo by Ian LANGSDON / AFP)

Une interview aux 20 Heures de TF1 et de France 2 le dimanche 24 septembre, une autre sur France 3 le 2 octobre durant les éditions régionales, sans oublier la réception du roi Charles III puis du Pape François, retransmis en direct sur de nombreuses chaînes de télévision... Emmanuel Macron s'est invité dans la télévision de nombreux Français depuis la rentrée.

"Cela traduit la volonté de sur-saturer l'espace médiatique, même s'il faut distinguer les rendez-vous internationaux, quand il reçoit le Pape ou le roi Charles III, des interviews télévisées, où il y a une initiative présidentielle de s'exprimer médiatiquement à des heures de grande écoute", observe Arnaud Benedetti, professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire.

France 3, un choix qui "traduit une volonté politique"

Après une interview aux journaux de 20 Heures de TF1 et de France 2 dimanche 24 septembre, suivie par près de 10,5 millions de téléspectateurs, selon les chiffres publiés par Médiamétrie, Emmanuel Macron était sur France 3 lundi 2 octobre, huit jours après sa dernière interview, pour un entretien à l'heure des éditions régionales de la chaîne. Un choix mûrement réfléchi. "France 3 parle à un segment sociologique différent de TF1 et France 2, car le chef de l'État est dans le Lot-et-Garonne, un département rural, avec des difficultés économiques et sociales et où deux des trois députés sont membres du RN. Cela traduit donc une volonté politique", poursuit Arnaud Benedetti.

L'interview a permis au chef de l'État d'aborder les thèmes de la ruralité et de la sécurité, quelques heures après avoir annoncé la création de 238 nouvelles brigades de gendarmerie. Une stratégie de sur-saturation de l'espace médiatique qui tranche avec celle de son adversaire au second tour de la présidentielle.

"Marine Le Pen a fait le choix d'une communication à l'opposé"

"Mais tenir l'agenda médiatique ne permet pas de tenir l'agenda politique. On voit que l'action du président est toujours tenue à une Assemblée nationale où il n'a pas de réelle majorité", prolonge le spécialiste. "Il y a peut-être une autre idée de la majorité de se rassurer en pensant asphyxier les oppositions en sur-saturant l'espace médiatique. Mais l'une des oppositions les plus importantes dans les sondages comme à l'Assemblée nationale, c'est le RN et Marine Le Pen a fait le choix d'une communication à l'opposé de celle-ci : elle s'exprime peu, dans des fenêtres d'opportunité où elle juge que sa parole aura le plus d'écho. Lorsqu'on voit les sondages ou les résultats des élections sénatoriales, c'est la stratégie du RN qui semble payer", ajoute le professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne.

Sans élu au Sénat depuis le départ de Stéphane Ravier aux côtés d'Éric Zemmour en 2022, le RN a désormais trois sièges, obtenus lors du renouvellement partiel du Sénat, c’est la première fois que le RN est représenté par autant d’élus à la chambre haute.

Autre risque d'une telle stratégie de sur-saturation de l'espace médiatique "celui de ne plus être audible, de ne plus être entendu par les Français à force de prendre la parole. Il y a un moteur dans une parole présidentielle, c'est la rareté, qui était utilisée par Jacques Chirac et François Mitterrand, dans une époque où le système médiatique était toutefois différent", conclut Arnaud Benedetti.

VIDÉO - Dans le Lot-et-Garonne, Macron dévoile les 238 nouvelles brigades de gendarmerie