Pourquoi Macron affirme que le programme de la NUPES "empêchera de couper du bois" chez soi ?

Emmanuel Macron à Saulxures-sur-Moselotte le 18 avril 2018. (Photo by VINCENT KESSLER / POOL / AFP)

Un argument repris par Christophe Castaner et Emmanuel Macron, à quelques jours du premier tour des élections législatives.

"C'est un projet où on explique aux gens 'on va vous interdire de couper des arbres chez vous'", a lancé le président Emmanuel Macron en déplacement à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), pour critiquer le programme de la NUPES, porté par Jean-Luc Mélenchon.

Des critiques déjà évoquées par le patron des députés de la majorité Christophe Castaner, quelques jours plus tôt. "On ne pourra plus couper son bois dans sa propre propriété. Dans son programme, il est écrit qu'on ne pourra plus" manger trop gras ou trop sucré", affirmait-il sur France 2. Une affirmation qui fait vivement réagir les candidats de la NUPES aux législatives et qui ne figure d'ailleurs pas dans le programme de l'alliance.

"On pourra bien sûr couper son bois. Mais sans coupes rases, qui détruisent paysages, sols, biodiversité, ressource en eau...", précise Marie-Anne Guillemain, auteur du "Livret Forêt" pour LFI.

Le projet veut interdire les coupes rases

Dans le volet "défendre la forêt, poumon de la planète", la Nouvelle Union populaire écologique et sociale propose d'"interdire les coupes rases sauf en cas d’impasse sanitaire avérée". Christophe Castaner confirme auprès de Libération qu'il fait référence à cette proposition lorsqu'il parle d'interdire de "couper son bois dans sa propriété".

Une coupe rase, explique l'Office nationale des forêts (ONF), c'est une "coupe à blanc, une coupe de dernier recours pour organiser le renouvellement de la forêt" qui ne doit avoir lieu que pour des questions sanitaires ou "lorsqu'une essence n'est pas adaptée au changement climatique". Une coupe rase désigne "l’abattage de l’ensemble des arbres d’une parcelle” selon la définition de l’Inventaire Forestier National.

Une proposition reprise par... une députée LREM en 2020

Un sujet dont s'empare LFI depuis plusieurs années. En septembre 2020, plusieurs députés avaient soumis une proposition de loi à l'Assemblée pour encadrer les coupes rases. Le texte proposait une "interdiction des coupes rases" sur "une surface de plus de 2 hectares (20 000 m²)", sauf en cas "d’impasse sanitaire", et une autorisation préalable pour le faire sur une surface comprise entre "0,5 hectare" et "2 hectares".

Des propositions des députés LFI qui avaient été en partie reprises dans un rapport intitulé "La forêt et la filière bois à la croisée des chemins : l’arbre des possibles", établi par une députée LREM, Anne-Laure Cattelot, missionnée par le gouvernement. Dans ce rapport, la députée recommandait effectivement de "limiter la taille des coupes rases à 2 hectares maximum, hors cause sanitaire".

"Ils détruisent la forêt"

En octobre 2020 Jean-Luc Mélenchon avait consacré un déplacement dans le Morvan aux coupes rases qu'il dénonçait. "Sur des dizaines et des dizaines d'hectares, on coupe tous les arbres d'une forêt d'un coup. Les conséquences écologiques sont évidemment désastreuses. D'un coup, c'est tout un écosystème qui est anéanti", déplorait le député des Bouches-du-Rhône sur Facebook.

Ni dans la proposition de loi, ni dans les propos de Jean-Luc Mélenchon n'est évoquée l'interdiction pour un particulier de couper du bois dans sa propriété, contrairement aux propos de Christophe Castaner et Emmanuel Macron.

Aux yeux de plusieurs associations comme Canopée, les coupes rases sont insuffisamment encadrées par la loi française, et servent plus à répondre aux besoins de l'industrie du bois qu'à protéger la biodiversité. En Europe, la Suisse interdit les coupes rases depuis 1902. Elle a été suivie par la Slovénie en 1948, qui a rendu obligatoire sur son territoire la sylviculture proche de la nature.

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