Pourquoi l'hypothèse Gérard Larcher à Matignon après les européennes ressurgit

Déjà évoquée, la rumeur d'une nomination de l'actuel président du sénat (LR) comme Premier ministre revient sur la table avant des élections européennes qui s'annoncent très délicates pour le camp présidentiel.

Président du Sénat depuis plus d'une décennie, Gérard Larcher va-t-il troquer son costume de second personnage de l'État contre celui de chef du gouvernement? La rumeur, déjà évoquée depuis le début de la nouvelle législature, n'est pas nouvelle.

Mais voilà qu'elle ressurgit à l'approche des élections européennes du 9 juin qui pourraient aboutir à une défaite sèche du camp présidentiel et une large victoire de l'extrême droite.

Les spéculations s'articulent autour d'une question qui ne date pas d'hier, elle non plus: si le revers électoral se confirme, Emmanuel Macron sera-t-il tenté par un accord de gouvernement à l'issue du scrutin pour se donner de l'air, après deux ans vécus sur le fil de la majorité relative?

Avec Gérard Larcher comme Premier ministre? Le cas de ce dernier interroge depuis son dîner en compagnie du président de la République, le 7 mars. L'intéressé entretient une position ambiguë. Côté face, le sénateur des Yvelines ne manque pas de dureté envers la politique de l'exécutif. Il n'a pas hésité à évoquer la menace de la motion de censure, après l'annonce du dérapage budgétaire. Néanmoins, côté pile, l'élu de droite n'exclut pas l'hypothèse Matignon.

"Je ne suis demandeur de rien", dit-il à l'AFP ce mercredi, soulignant, en "gaulliste", que la décision "appartient au président de la République et à lui seul". Après les élections européennes, "il faudra bien qu'on apporte une réponse", considère néanmoins Gérard Larcher.

"On peut se réveiller le 10 juin avec une forme de gueule de bois démocratique", met également en garde le patron du Palais du Luxembourg, avant d'ajouter: "Au-delà de ma seule personne il faut d'abord qu'on fasse le point. Peut-on continuer le cabotage actuel? Quel est l'intérêt du pays?"

Pas vraiment le discours que tenait ce même Gérard Larcher en mai 2023, lorsque, déjà, des rumeurs bruissaient. Le président du Sénat les avait alors balayées, expliquant qu'il refuserait "clairement" les fonctions de Premier ministre si elles venaient à lui être proposées.

Le président du parti, Éric Ciotti n'a pas mis fin aux rumeurs sur BFMTV mercredi dernier, même s'il a réduit le sujet à des "spéculations de journalistes". Si le député des Alpes-Maritimes s'est placé "plus que jamais dans l'opposition", il n'a pas pour autant écarté l'hypothèse Gérard Larcher.

"Moi je n'y crois pas", a tranché son collègue Bruno Retailleau depuis le même plateau une semaine plus tard, au lendemain d'un dîner - évoqué dans les colonnes du Parisien - auquel participaient Gérard Larcher et Éric Ciotti.

Par ailleurs, un tel scénario "ne résoudrait pas le problème", considère le chef de file des sénateurs LR. "Un, monsieur Macron n'est pas partageur. Deux, en arithmétique, Gérard Larcher entraînerait 30 ou 40 députés avec lui (sur un total de 61)."

Représenté par 250 députés (Renaissance, Horizons, MoDem), le camp présidentiel aurait besoin de 39 députés supplémentaires pour être en situation de majorité absolue.

Mais un accord avec LR arrivera-t-il un jour? Depuis 2022, ce sujet revient sur la table, mais jusqu'ici il ne s'est jamais concrétisé, tout comme les menaces de motion de censure brandies par la droite.

Auprès de l'AFP, un proche d'Emmanuel Macron parle d'une "espèce de martingale qui ne se concrétise jamais". "C'est toujours pareil: ce qu'on gagne d'un côté, est-ce qu'on le perd de l'autre? Mettre à Matignon quelqu'un d'un parti qui aura fait 7% ou dans ces eaux-là est-ce que ça a du sens? Beaucoup dépendra des scores du 9 juin. Après il ne faut jamais dire jamais."

Article original publié sur BFMTV.com