Pourquoi les jeunes se détournent des lieux publics et de « l’esprit de village » dans les campagnes

Des bourgs vides, des lieux publics que les nouvelles générations ne fréquentent plus, un esprit de village qui se perd : si ces images sont loin de correspondre tout à fait à la réalité, elles sont très présentes dans les discours qui circulent sur les campagnes. Avec une telle représentation s’impose l’idée que les jeunes fuiraient ces espaces publics. Or les choses sont bien plus complexes et, pour les saisir, il faut se pencher sur l’incompréhension sur laquelle elles reposent.

Si la jeunesse animait, il y a plusieurs décennies, l’espace public des bourgs et des campagnes, on ne la verrait plus beaucoup dans les cafés ni dans les bars, très peu également dans les lieux associatifs ou lorsque sont organisés des évènements politiques. C’est le constat que partagent de nombreux élus et habitants rencontrés dans le cadre d’une thèse de sociologie portant sur les jeunes ruraux, menée entre 2017 et 2021. On peut certes faire l’hypothèse que la fragmentation du marché de l’emploi en milieu rural a contribué à cette évolution, néanmoins, tout un faisceau d’autres raisons entre en ligne de compte pour expliquer ce phénomène.

Dans les politiques publiques actuelles, la jeunesse est envisagée comme une ressource nécessaire à la survie des campagnes. Sur ses épaules reposeraient l’avenir, l’emploi, la solidarité, le renouveau de « l’esprit de village » ; en bref, le domaine du possible. Dans cette perspective, leur non-implication dans la vie locale serait une problématique importan...


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