Pourquoi les inondations dans le Gard et l'Ardèche ont été si violentes

Les inondations provoquées dans le sud de la France par la tempête Monica de ce vendredi 8 au dimanche 10 mars ont été à l'origine de cumuls de précipitations exceptionnels.

Pourquoi les inondations dans le Gard et l'Ardèche ont été si violentes

Quatre morts et trois personnes toujours portées disparues. Le bilan humain de la tempête Monica et des inondations qu'elle a provoquées dans les départements du Gard et de l'Ardèche illustrent à quel point cette région est sujette à des crues pouvant se révéler extrêmement dangereuses.

Météo-France le rappelle régulièrement, le Gard et l'Ardèche occupent devant l'Hérault et la Lozère la tête du classement des départements "où on observe le plus souvent des épisodes apportant plus de 200 mm de pluie en un jour en moyenne par an". Ce week-end, c'est ainsi l'équivalent de deux à trois mois de précipitations qui s'est abattu en 48 heures seulement.

Ces précipitations, déjà exceptionnelles, ont vu leurs effets être encore accentués par la nature même des cours d'eau qui ont débordé, comme le Gardon et la Cèze. Interrogé par Le Parisien, Valérie Borrell Estupina, maîtresse de conférences en sciences de l'eau et de l'environnement, les décrit comme "des bassins-versants qui accélèrent le paroxysme des crues en quelques heures".

Un pic de précipitations inhabituel

L'ampleur des précipitations et des inondations qu'elles ont générées est toutefois surprenante pour cette période de l'année. En temps normal, les régions du bord de la Méditerranée reçoivent deux pics de précipitations: le principal durant l'automne et l'autre, secondaire, entre la fin de l'hiver et le printemps. Cette année, c'est l'inverse qui s'est produit avec les différents épisodes cévenols qui se sont produits en l'espace de quelques semaines.

Ces épisodes dit "cévenols" ou "méditerranéens" sont le résultat de conflits de masse d'air, lorsque l'atmosphère se refroidit et que la température de la mer Méditerranée est encore élevée. C'était le cas pour la Méditerranée ces dernières semaines du fait d'un mercure au plus haut: le mois de février 2024 ayant été le mois de février le plus chaud jamais enregistré dans le monde. Ces températures élevées ont favorisé l'évaporation de la mer avant que cette eau, bloquée par les Cévennes, ne finisse par s'abattre sur le Sud-Est.

La série d'épisodes cévenols s'explique ainsi par la succession de phénomènes de gouttes froides, ces poches d'air très froides à environ 5.000 mètres d'altitude à l'origine de perturbations lorsqu'elles rencontrent l'air plus chaud au sol. Autre facteur à prendre en compte: la rivière atmosphérique. Cette bande large de quelques centaines de kilomètres, chargée d'un air circulant des régions les plus chaudes aux régions tempérées, explique aussi l'enchaînement de quatre dépressions au cours du mois venant de s'écouler.

Des comportements "pas totalement adaptés"

Un dernier élément n'est pas non plus à évacuer pour expliquer le lourd bilan de ces inondations: l'"imprudence" de la part de la population. "Les messages sont passés, vigilance jaune puis vigilance orange. Mais on a l'impression que ces vigilances passent un peu aujourd'hui sous les radars", a estimé lundi matin sur BFMTV Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.

Lundi matin, le secrétaire général de la préfecture du Gard Frédéric Loiseau a également estimé qu'il y avait eu "probablement des comportements individuels pas totalement adaptés".

La voiture de la famille dont les deux enfants sont encore portés disparus dans le Gard s'est ainsi engagée samedi vers 23h30 sur un pont submersible, et donc sans parapets. Les panneaux situés avant ce pont enjambant le Gardon avaient été installés une demi-heure plus tôt "pour indiquer que la chaussée était inondée", a expliqué Frédéric Loiseau.

La barrière "fermant physiquement la chaussée de part et d'autre" et donc bloquant l'accès aux automobilistes, n'a en revanche été installée qu'à 23h45, après l'enregistrement de l'appel de détresse des automobilistes au Codis.

Article original publié sur BFMTV.com

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