Pourquoi le "Ballon d'or" 1986 de Maradona se retrouve au coeur d'un imbroglio judiciaire en France

Jeudi 6 juin à 15h, la maison Aguttes avait prévu une vente aux enchères à Neuilly-sur-Seine. Le lot? Le "Ballon d'or Adidas" décerné à Diego Maradona en qualité de meilleur joueur de la Coupe du monde de football 1986 au Mexique. Mais l'événement a été annulé. Une décision prise par l'établissement en charge de la vente, avant qu'elle ne soit de toute façon imposée par un jugement de la cour d'appel de Versailles à la veille du rendez-vous, comme l'a rapporté L'Équipe. En toile de fond, les héritiers du légendaire footballeur sont convaincus que l'objet tant convoité avait été volé.

Ce Ballon d'or Adidas - à distinguer du Ballon d'or décerné chaque année par France Football - avait été remis à Diego Maradona au Lido, à Paris, en novembre 1986. Mais en 1989, le trophée disparaît. De nombreuses rumeurs circulent alors. "Certaines disent qu'il aurait été perdu lors de parties de poker endiablées ou pour rembourser des dettes contractées. D'autres racontent qu'il aurait été braqué dans le coffre d'une banque napolitaine par la mafia locale en 1989", relate la maison Aguttes dans son document de présentation de la vente aux enchères. Il se disait même que le ballon avait été fondu et coulé en lingots d'or.

Réapparu dans une vente aux enchères

En réalité fait d'alliage cuivreux doré et non d'or, le trophée est subitement réapparu en 2016, à Paris, dans un lot d'une vente aux enchères de la maison Drouot. C'est à l'aveugle qu'un homme en est devenu l'acquéreur. Le trophée n'est plus étiqueté avec le nom du célèbre numéro 10 mort en novembre 2020, mais tous les autres détails semblent concorder. "Comment est-ce qu’il ont pu arriver là? Je n’en ai absolument aucune idée", avait confié l'antiquaire dans la presse locale.

Mais les héritiers de Diego Maradona, convaincus que le braquage d'une banque à Naples est à l'origine de cette rocambolesque histoire, veulent récupérer le trophée. La vente aux enchères prévue en ce début du mois de juin les a poussés à saisir la justice. Pourtant, le tribunal de Nanterre les a déboutés en première instance le 30 mai. Finalement, la cour d'appel de Versailles a prononcé une interdiction de la vente et une séquestration du trophée, en attendant que les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels fassent toute la lumière sur l'affaire.

Une plainte pour récupérer le trophée

Entre temps, la maison Aguttes avait estimé que cette vente ne pouvait plus se dérouler convenablement: "Notre mission est d'organiser les enchères dans les meilleures conditions, pour notre vendeur comme pour les acheteurs. Ce climat litigieux et ces incertitudes ne permettent pas aux amateurs d'aborder sereinement cette acquisition et notre rôle de tiers de confiance ne peut plus être correctement assuré".

L'étape suivante pour les héritiers du "Pibe del Oro" est désormais de récupérer le bien. Mais encore faut-il démontrer que l'acheteur de 2016 n'est pas un acquéreur de bonne foi. Une plainte pénale a en tout cas été déposée.

Article original publié sur RMC Sport