Pourquoi les émissions de méthane ont-elles explosé en 2020 ? Une étude scientifique répond

Un climat plus chaud favorisant l’activité bactérienne dans les zones humides et la réduction de la pollution atmosphérique du fait du confinement dû au Covid-19 expliquent une croissance très forte du deuxième gaz à effet de serre en 2020.

La situation des émissions de méthane n’était déjà pas bonne. Elle vire à l’urgence. Des chercheurs de l’université de Pékin (Chine) et du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, CNRS/CEA) expliquent dans Nature pourquoi les satellites spécialisés dans la mesure des émissions de méthane atmosphérique ont observé une croissance exceptionnelle des teneurs de ce gaz au cours de l’année 2020. Il y a deux ans en effet, la concentration de méthane a augmenté de 15,1 parties par milliard (ppb). Depuis le début des mesures de ce gaz à effet de serre en 1983, jamais une telle hausse annuelle n’avait été constatée. Après avoir augmenté à un rythme de dix parties par milliard (ppb) par an des années 1980 à 2000, les chercheurs ont constaté une stagnation entre 2000 et 2006 puis une reprise d’une hausse de dix ppb par an de 2006 à 2017. De 10 à 15 ppb, 2020 est donc bien au-dessus. Comment l’expliquer ?

2020 est évidemment une année atypique. L’épidémie de Covid-19 a bloqué une grande partie de l’économie mondiale, réduisant drastiquement l’utilisation des énergies fossiles. Logiquement, les inventaires d’émissions de l’Agence internationale de l’énergie ont constaté une baisse de 10% des émissions de méthane. Mais cette diminution a été contrebalancée par un autre phénomène : la réduction des émissions d’oxydes d’azote (Nox), de monoxyde de carbone et d’hydrocarbures. Ces polluants émis principalement par les transports ont eux aussi fortement diminué lors des confinements. Or, ces gaz sont des précurseurs des radicaux hydroxyles (OH), le principal agent de destruction du méthane dans l’atmosphère puisqu’il élimine environ 85% des émissions mondiales chaque année. Ces radicaux extraordinairement réactifs sont présents en quantités infimes dans l’atmosphère. Leur durée de vie est inférieure à une seconde et il a donc fallu simuler les variations de OH dans l’atmosphère à l’aide de modèles numériques nourris des données des émissions anthropiques pour l’a[...]

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