Poupette Kenza, la "8e merveille" : quand les influenceurs basculent dans la violence

Ils ont des milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux ou des millions, et de plus en plus les influenceurs sont cités dans des affaires judiciaires. Violences, chantages, ils n'hésitent pas à user des méthodes des criminels.

Le monde des influenceurs est-il devenu sans foi ni loi? La question se pose alors que des plus en plus de noms de ces stars des réseaux sociaux, à la notoriété plus ou moins grande, apparaissent dans des affaires judiciaires. C'est le cas de Poupette Kenza. Déjà impliquée dans plusieurs polémiques ou condamnée à des amendes pour ses activités de vente sur ses compte, Kenza Benchrif, de son vrai nom, est aujourd'hui en prison.

Les faits qui lui sont reprochés sont graves. L'influenceuse est mise en examen pour "tentative d'extorsion de fonds" et "association de malfaiteurs". La jeune femme est soupçonnée d'avoir recruté un intermédiaire pour récupérer, après diverses tentatives, une somme d'argent auprès d'un couple dont Poupette Kenza se dit victime. Le couple a été surveillé, une balise GPS a été installée sur son véhicule, et a été physiquement menacé. "La situation lui (Poupette Kenza, NDLR) a échappé", a glissé l'un de ses avocats.

L'affaire impliquant Poupette Kenza n'est en rien un cas isolé. "Pour la plupart, ce sont des jeunes qui au départ n’avaient pas accès à ce genre de médiatisation, à ce genre d’argent, et qui sont parfois dans une forme de toute-puissante. Mais vous avez aussi des gens parfaitement mal encadrés", estime Me Tom Michel. L'avocat défend depuis plusieurs années des influenceurs. Dernièrement, il représente Selma Mansouri.

Cette mère de famille d'une trentaine d'années est elle aussi en prison depuis la mi-juin. Sa notoriété est beaucoup moins grande que celle de Poupette Kenza, quelques dizaines de milliers d'abonnés sur Instagram, mais elle aussi est impliquée dans une affaire de violences. Elle s'est filmée en train de commettre des violences sur deux jeunes hommes, venus devant son domicile pour brûler son véhicule.

"Les faits qu’elle a commis sont extrêmement graves, elle s’en est excusée, consent Me Tom Michel. Elle a pris conscience, je crois, lors de sa garde à vue de la gravité des faits. (...) C’est la résultante de multiples agressions, il y a eu une plainte et plein d’autres choses qui se sont passées devant chez elle, elle a pris peur." Depuis plusieurs mois, elle est brouillée avec un autre influenceur. Un homme avec qui elle avait monétisé un compte Snapchat en commun et cet homme serait rattrapé par des arnaques, selon les dires de la mère de famille.

Dans ce dossier, la justice s'interroge également sur l'opportunité de filmer et diffuser les violences commises à l'encontre des deux victimes. Cela avait-il pour but de gagner en notoriété, dans une guerre des réseaux de plus en plus forte? À cela s'ajoute l'application d'une loi visant à lutter contre les dérives des influenceurs, obligeant notamment à signaler les collaborations commerciales ou l'interdiction de faire la promotion de certaines pratiques.

"On est dans une période moins faste avec une restructuration du marché, reconnaît Tom Michel. Certains doivent, pour gagner de l’argent, en faire de plus en plus, et parfois ça passe par faire des contenus plus chocs."

Cette surexposition est aussi un piège pour les influenceurs eux-mêmes qui peuvent devenir à leur tour victimes. En filmant leur quotidien, notamment pour les influenceurs lifestyle, en exposant leur vie privée, en donnant leurs adresses, ils peuvent devenir des cibles. À l'instar de Just Riadh ou Coraline Balligrand, deux influenceurs victimes de home-jacking.

"Pour la plupart ce que je remarque c’est une forme de déconnexion de plus en plus grande avec ce qu’on va qualifier de monde commun. Ce que je remarque aussi, et ça c’est important, une forme de désespoir face à la justice qui ne les entend pas", relève Me Tom Michel.

C'est le cas notamment d'Aquababe qui a porté plainte justement contre X pour "violences aggravées" et contre Poupette Kenza pour "menaces de mort" à l'automne 2023 pour une agression à son domicile. Le blogueur, spécialiste de la téléréalité, a été agressé à son domicile des Hauts-de-Seine selon son récit, par trois hommes, qui l'ont menacé avec le canon d'une arme, avant de lui asséner plusieurs coups de crosse sur le crâne. Les individus ont ensuite pris la fuite.

Dernièrement, c'est l'influenceur Nasdas qui a porté plainte pour "tentative d'extorsion". Le jeune homme originaire de Perpignan, "Snapchateur" numéro 1 en France, s'est vu réclamer 30 000 euros, alors que les maîtres-chanteurs disaient séquestrer une de ses proches.

Article original publié sur BFMTV.com