Pompes dans les graviers, humiliation : deux cadres du SNU mis à pied en Haute-Savoie

Deux encadrants du Service national universel (SNU) sont accusés d'avoir infligé des punitions physiques humiliantes à des jeunes participants.

Des jeunes volontaires du Service national universel (SNU).
(Photo by Laurent coust/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)
Des jeunes volontaires du Service national universel (SNU). (Photo by Laurent coust/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

Les faits se sont déroulés au mois de juin 2023, dans un centre de Haute-Savoie du Service national universel (SNU). Deux cadres ont été sanctionnés pour avoir forcé deux garçons à faire des pompes sur les poings, dans les graviers, et pour avoir eu un comportement "humiliant" avec eux, selon des informations de franceinfo.

Un peu plus tôt dans la soirée, une encadrante du SNU surprend les deux garçons qui sortent d'une chambre de filles, vide à ce moment là. Comme il s'agit d'une infraction au règlement, une punition de ce comportement est envisagée : l'encadrante suggère d'abord qu'ils "nettoient le box des chevaux".

Des pratiques interdites

Mais c'est finalement deux autres cadres, supérieurs hiérarchiques de la première, qui reprennent les rênes et décident de faire faire des pompes aux deux garçons, sur les poings et dans les graviers. Une méthode interdite par le règlement du SNU, puisque le livret d'accueil du centre précise en effet que "les travaux humiliants ou vexatoires" sont "exclus".

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"On s'est énervé parce qu'on savait que c'était interdit" a témoigné l'un des deux garçons à franceinfo. "On leur a dit que ça faisait mal. (...) Ensuite, il m'a mis trois petites pichenettes sur la joue, pour qu'avec l'énervement, j'y arrive. Je sais qu'à l'armée, ça marche comme ça."

Une mise à pied

Ces pratiques ont été remontées dès le lendemain au SDJES (Service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports) par d'autres cadres du SNU, choqués par la façon dont la situation avait été gérée. Les participants "n'ont pas été violentés, ni blessés, mais on a voulu marquer le coup avec la mise à pied de ces cadres, car cela reste non tolérable et non conforme au règlement", a expliqué Fabien Basset, chef du Service départemental à la jeunesse, qui a prononcé la sanction. L'un a été exclu trois jours, l'autre jusqu'à la fin du séjour.

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Celui qui a été mis à pied le moins longtemps s'est exprimé sur les faits : "Si j'avais su que ça allait prendre cette ampleur, je n'aurais pas laissé faire. De notre point de vue, il n'y avait rien de dramatique sur le moment." Il a également expliqué que les petites tapes sur les joues se voulaient encourageantes, et non humiliantes.

Des SMS ambigus du directeur

Dans le reste de l'encadrement du SNU, cet épisode a divisé les équipes sur les manières appropriées de "former" les participants. Une tutrice du séjour a dénoncé une ambiance autoritaire dans le centre de Haute-Savoie où les cadres "criaient sur les gamins, comme s'il fallait leur faire peur. Dès qu'il y avait un peu de bruit dans une chambre, ils les sortaient dans le couloir pour leur faire faire la chaise."

Le lendemain de l'épisode des pompes sur les graviers, les animateurs auraient également reçu des sms du directeur du centre et de son adjoint, les incitant à garder l'affaire pour eux. "J'y ai vu une manière de nous faire taire", a témoigné un membre du personnel, qui justifie ainsi l'alerte donnée au SDJES par la suite. Du côté de la direction, on estime que l'affaire a "été montée en mayonnaise".

Ce n'est pas la première fois que le SNU soulève des indignations : récemment pour des affaires de d'agression et de harcèlement sexuel, d'humiliations et de gestes déplacés de cadres sur des tuteurs et des volontaires, des cas rapportés par Politis et Marianne. Sur 600 000 jeunes éligibles au SNU chaque année, 32 000 y ont participé en 2022 et 40 000 sont inscrits en 2023.

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