En Pologne, une Église catholique qui vacille

Une place Saint-Pierre qui tombe en ruine, c’est ainsi que l’hebdomadaire polonais Polityka illustre son nouveau numéro, en partie consacré aux défis de l’Église catholique, en Pologne comme au Vatican. “Une Église sans âme. Les vieux règnent, les jeunes s’en vont”, titre le périodique.

Un premier article évoque le système “absolutiste” toujours en place au Vatican, même après la mort du pape Benoît XVI, qui a tenté de la secouer malgré son conservatisme. “Le pape Benoît a sapé un pilier de tout le système – soit l’idée que vous devez être pape à vie, car votre identité est désormais votre fonction”, estime l’auteur.

Le désaveu de l’Église catholique chez les jeunes en Pologne est illustré par un deuxième article partant d’une controverse lancée sur les réseaux sociaux en Pologne par le juriste Marcin Matczak. Cet homme très influent et foncièrement critique du gouvernement du parti Droit et justice (PiS) s’en est pris aux célébrations laïques :

“Les fêtes athées sont des tromperies d’un humain perdu dans un monde séculier.”

Alors que ces rituels remplaçant les sacrements catholiques ont de plus en plus le vent en poupe en Pologne, l’avocat les balaie, estimant qu’il s’agit d’inventions “pour consommer les jours fériés”. Une constatation qui n’est pas passée inaperçue au sein de la gauche et des libéraux polonais, un milieu auquel Marcin Matczak appartient pourtant. La polémique met en évidence le gouffre générationnel qui divise le camp anti-PiS dans son rapport à l’Église catholique.

“La jeune génération de l’intelligentsia de gauche libérale a des rancunes fondamentales contre la génération des 50-60 ans et plus”, explique Polityka. Car en réalité l’ancienne génération progressiste, les démocrates de 1989, “est toujours liée par l’éducation catholique : la religion les émeut toujours, y compris ses rites, même s’ils se déclarent athées ou indifférents”, affirme la publication.

Cette génération qui a lutté contre le pouvoir communiste a été fortement influencée par une “sainte Trinité”, celle de “Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Jean-Paul II”. Pour cette génération de “boomeurs”, l’Église a, à l’époque, joué un rôle important dans le recouvrement de la démocratie. Mais parmi les plus jeunes aujourd’hui en Pologne, radicalement de gauche et qui n’hésitent pas à faire leur apostasie, l’Église a perdu sa dimension sacrée.

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