Politique, conseils d'administration... : pour une meilleure représentation des femmes en Espagne

Le gouvernement de gauche espagnol a présenté un projet de loi visant à renforcer la place des femmes dans la vie politique et dans la direction des entreprises. Ce texte a été dévoilé à la veille de la journée internationale des droits des femmes.

Il s'agit d'un "pas important vers l'égalité effective" dans "les organes de décision de notre pays", a souligné, à l'issue du conseil des ministres, Nadia Calviño, ministre de l'Economie et numéro deux du gouvernement de Pedro Sanchez.

Féminisation de la vie politique

Le projet de loi prévoit d'imposer :

  • un minimum de 40% de femmes au sein de l'exécutif

  • une parité effective dans les listes de candidats aux élections locales et nationales, avec une alternance entre chaque sexe afin que les femmes ne soient pas reléguées en fin de liste.

Le gouvernement de Pedro Sanchez compte actuellement 14 femmes ministres pour huit hommes, ce qui en fait l'un des gouvernements les plus féminins au monde, avec 63% de femmes. Le précédent gouvernement espagnol, dirigé par Mariano Rajoy (PP, droite), comptait lui 35% de femmes.

La place des femmes dans les entreprises

Ce texte imposera :

  • un seuil de 40% de femmes dans les conseils d'administration (CA) des entreprises cotées et dans les groupes comptant plus de 250 employés et réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 50 millions d'euros.

  • un seuil de 40% de femmes dans les organismes professionnels (ordre des médecins, des avocats, etc...).

L'Espagne, en avance en Europe

Les autorités espagnoles semblent déterminées à aller au delà des simples recommandations. Le texte prévoit des obligations et donc des sanctions financières pour les contrevenants.

Le seuil de 40%, déjà en vigueur dans plusieurs pays européens, comme la Norvège, la France et la Finlande, correspond à l'objectif qu'a récemment fixé le Parlement européen pour féminiser les conseils d'administration des entreprises à l'horizon 2026.

Ce texte devra être adopté par le Parlement mais il semble difficilement probable qu'il le soit avant les élections législatives prévues fin 2023, où la droite est donnée gagnante par les sondages.

L'Espagne est souvent considérée comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, notamment depuis l'adoption en 2004 d'une loi sur les violences de genre, ou l'adoption en février d'une loi instaurant un congé menstruel.