"Les policiers ont laissé faire": le témoignage d'un supporteur parisien présent lors des incidents OL-PSG

Julien, pouvez-vous nous décrire les premières minutes de ces événements?

Nous sommes arrivés au point de rassemblement vers 17h40. La Préfecture a planifié ça à l’heure près mais il faut savoir qu’un déplacement comme celui-là, nous ne sommes jamais à l’heure. Ça me fait rire, ils planifient ça de manière très précise.

Il y avait déjà des cars?

Oui, des cars parisiens venaient d’arriver. Dans le car, nous avons eu des contacts avec des potes ultras, qui sont indépendants. Ils sont arrivés une heure avant nous sur l’air de repos et la police leur a dit de continuer parce que des Lyonnais étaient présents. Une heure avant notre arrivée, il y avait donc des Lyonnais sur notre point de rendez-vous. Je pense que le message a été diffusé dans les cars du CUP, et donc tout le monde était au courant que des Lyonnais étaient sur place. Ils n’avaient rien à faire là. Autre élément surprenant, quand nous sommes arrivés sur place, la police a refusé que les supporteurs descendent du car. Avec l’expérience, c’était déjà le cas lors de plusieurs déplacements à Lille.

Pourquoi ce refus?

Pour eux, nous sommes des animaux. Globalement, nous sommes traités comme des animaux. Dans certains cars, certains n’ont pas tenu compte des interdictions de descente du car et puis derrière ça a dégénéré… Dans les premiers instants, j’ai surtout vu des policiers qui nous gazaient. Derrière, ça part dans tous les sens, c’était la guerre. Les chauffeurs ont aussi pensé à sauver leurs cars. Il y avait des gens qui couraient partout sur l’autoroute. Ça peut paraître débile, mais les conseils dans le monde Ultra c’est de défendre le groupe et de défendre le matériel. Les gars devaient défendre leur groupe, donc ils y vont.

Vous étiez bloqués au milieu de l'autoroute? Que faisaient les Lyonnais?

Côté péage, il y avait les Lyonnais. Nous, on était peut-être à une centaine de mètres après le péage. Notre car a réussi à s'extraire de la zone chaude. À 100 mètres de nous, vers Lille, il y avait au moins un autre car lyonnais. On était vraiment cernés, entre deux. Il y avait des Lyonnais au nord et des Lyonnais au sud. Ceux qui sont partis dans les champs, c'était dans la partie sud.

Où était l'escorte policière dans tout ça?

Elle ne faisait rien... Je n'ai pas vu l'escorte lyonnaise. Les CRS sont arrivés vraiment à la fin mais quand tout était bien calme. On a vu les camions de CRS arriver mais c'était terminé.

L'escorte parisienne ressemblait à quoi ?

Standard quoi. Mais ce qui m'a marqué, c'est qu'ils nous ont gazés. Le genre d'attitude qui ne calme pas les ultras.

Il y a eu des blessés dans votre car?

Dans mon bus, il y a eu zéro blessé. Certains gars sont revenus avec du sang sur leur t-shirt mais ce n'était pas le leur visiblement. On parle sinon de blessés légers mais moi j'en connais au moins un qui a perdu une dent. Des amis ont vu des coupures au niveau du crâne. Ils me disaient "vraiment, on voit le crâne".

Une image a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux avec un supporteur parisien qui sort d'un car avec ce qui semble être une barre de fer ou un couteau. Il y a souvent des armes?

Non. Mais on savait que c'était à haut risque et qu'il y allait avoir des fouilles... Moi je n'avais pas d'arme blanche, rien. Cependant, quand il y a des bagarres, sur place ils trouvent toujours des accessoires. Quitte à arracher une partie de clôture ou autre, ça je veux bien le croire. Mais qu'on ait apporté des armes, je n'en crois pas un mot.

Une fois que le calme est revenu, cela s'est organisé comment pour aller jusqu'au stade?

On est reparti comme si de rien n'était, avec zéro instruction. Le car bougeait. Je suis allé voir le chauffeur et c'est là qu'il m'a dit que l'on allait au stade. Mais tout s'est passé comme si de rien n'était. La fouille pour rentrer dans le stade, c'était vraiment hyper léger. Cela m'a fait rire. On s'attendait tous à patienter pendant des heures et des heures. Mais sur ce coup-là ils ont été intelligents. Je craignais vraiment que l'on reparte vers Paris et que l'on n'assiste pas au match. Là tout le monde était parti dans la nature, sans être contrôlé. Donc pour moi ils ont adopté la bonne attitude. Tout le monde s'est calmé. On était dans notre zone.

Comment, finalement, des cars lyonnais ont pu se retrouver là selon vous?

Moi, je n'ai aucune explication officielle. Ce qui commence à se dire, c'est que les ultras lyonnais ont demandé sciemment à leur chauffeur de se rendre à notre point de rendez-vous. C'est des secrets de perlimpinpin (sic). Ces lieux de rendez-vous circulaient partout. Cela me parait incroyable qu'ils n'y soient pas allés sciemment. Mais l'autre truc fou, c'est que les policiers ont laissé faire ça.

Est-ce que ces affrontements ont pu aussi être provoqués par les divergences d'opinions politiques entre les deux camps?

Historiquement, il n'y avait pas de contentieux entre Parisiens et Lyonnais. Si vous regardez leurs tribunes, il n'y a que des blancs. Ils passent pour des fachos. Cela saute aux yeux, il n'y a aucun noir ni aucun arabe. Côté Collectif Ultras Paris, c'est coloré. C'est pareil avec les Lillois, ils sont réputés pour être proches du Rassemblement National. Il n'y a eu aucune intention du CUP pour faire ces bagarres. On va dire que tout cela contribue mais cela n'a pas été anticipé.

Article original publié sur RMC Sport