La police suédoise interdit un nouvel autodafé du Coran, quid de la liberté d’expression ?

L’événement aurait dû avoir lieu ce jeudi 9 février à midi si la police n’avait pas mis son veto. Un “particulier représentant une association culturelle” avait demandé l’autorisation à la police de pouvoir brûler un exemplaire du Coran devant l’ambassade de Turquie en Suède. Et ce dans le but revendiqué d’“arrêter le processus d’adhésion de la Suède à l’Otan”, selon le site de la télévision publique Sveriges Television (SVT), le premier média suédois à avoir publié l’information mercredi.

Ce nouvel autodafé n’aurait pas manqué d’alimenter la colère dans les pays musulmans et de conforter le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dans son opposition à l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique. Depuis qu’un extrémiste de droite, le Dano-Suédois Rasmus Paludan, a détruit un exemplaire du Coran, le 21 janvier, à Stockholm, le leader turc ne décolère pas. Et son veto bloque l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan.

À Stockholm, la police a justifié son interdiction par le fait qu’un nouvel autodafé “est considéré comme susceptible de perturber gravement la sécurité nationale”. De plus, de récents précédents ont “suscité de très fortes réactions et entraîné un changement de la perception de la menace envers la Suède”, rapporte le journal libéral Dagens Nyheter.

Cette décision a été prise après consultation de la police de sécurité (Säpo) qui, le même mercredi, indiquait avoir constaté une augmentation du nombre de menaces d’attaque contre la Suède à la suite de l’acte du 21 janvier.

“Un succès pour les terroristes”

Quand le quotidien libéral Expressen a demandé au ministre de la Justice, le conservateur Gunnar Strömmer, si ce n’était pas là une restriction à la liberté d’expression, il a botté en touche. “C’est seulement la police qui peut et doit juger au cas par cas” si telle ou telle manifestation respecte “la loi sur l’ordre public” et mesurer les risques encourus, le tout “à la lumière de la liberté d’expression protégée par la Constitution”.

Plusieurs experts juridiques, eux, voient dans l’interdiction prise le 8 février une entaille à ce principe d’ordinaire considéré comme sacro-saint en Scandinavie. “Nous ne pouvons pas sacrifier notre liberté d’expression pour satisfaire un président [turc] colérique”, déclare par exemple Nils Funcke, ex-journaliste devenu expert en la matière, interviewé par Expressen.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :