Polar – Aux origines du bandit corse : l’enquête d’Antoine Albertini

Le journaliste d'investigation et romancier Antoine Albertini, auteur d'Un très honnête bandit (JC Lattès).  - Credit:Patrice Normand / JC Lattès
Le journaliste d'investigation et romancier Antoine Albertini, auteur d'Un très honnête bandit (JC Lattès). - Credit:Patrice Normand / JC Lattès

Au commencement était la haine. Nul ne se souvient plus ni de la cause, ni du moment du début de la querelle – trois ou quatre générations, sans doute –, mais elle est là, farouche, tenace, entre les Tafani et les Rocchini, qui se regardent en chiens de faïence à Porto-Vecchio. Le chien, justement. Celui des Tafani, retrouvé mort, devient prétexte de l'assassinat de Jean-François Rocchini, du clan adverse, en vertu du proverbe Chi tomba u ghjcaru, tomba l'omu (Qui tue le chien, tue son maître). Et si ce fait divers a autant passionné le journaliste et écrivain Antoine Albertini, auteur de La Femme sans tête, c'est parce que cette affaire, déclenchée par « un proverbe pourri et un chien sous terre », va galvaniser la presse à la fin du XIXsiècle et marquer le moment où la légende du « vrai Corse », « velu jusque dans les yeux », écrit alors Maupassant, se cristallise. Aussi Un très honnête bandit n'est-il donc pas seulement la reconstitution fidèle et fort bien romancée de la trajectoire d'un simple bandit ; c'est LE bandit originel et rien de moins que la naissance de la fascination pour la vendetta, telle qu'elle perdure aujourd'hui.

 - Credit:Un très honnête bandit, d'Antoine Albertini (JC Lattès, 448 p., 21,90 €).
- Credit:Un très honnête bandit, d'Antoine Albertini (JC Lattès, 448 p., 21,90 €).

Un très honnête bandit, d'Antoine Albertini (JC Lattès, 448 p., 21,90 €).

L'extrait qui tue 

On n'avait soupé que de vin, deux bouteilles déjà, tirées de la cave par la mère silencieuse, qui avait refusé d'aller en chercher une troisième et ne pouvait quitter des yeux les fusils posés crosses contre terre, leurs canons appuyé [...] Lire la suite