Polar – Le Corre fait de l’esprit

Le Bordelais Hervé Le Corre fait paraître un court roman noir aux éditions Autrement pour nous entraîner au-delà de la mort...  - Credit:Philippe MATSAS/Opale.photo
Le Bordelais Hervé Le Corre fait paraître un court roman noir aux éditions Autrement pour nous entraîner au-delà de la mort... - Credit:Philippe MATSAS/Opale.photo

Il n'y a qu'un seul mort dans cet intrigant roman noir : le narrateur lui-même. Une mort « sans coupable ni violence », qu'on sait naturelle autant que définitive, racontée en temps réel par l'intéressé qui s'écroule dès la première ligne dans sa salle à manger. Qu'est-il, depuis, Louis Lorenzo, qui n'atteindra jamais les 80 ans ? Une âme, un fantôme, un esprit ? Le voilà « entité vaporeuse » explorant le monde, une cabine d'essayage pour dames, le sillage marin d'une baleine, vagabondant dans la stratosphère loin de la matérialité de son corps en décomposition. Couronné du prix Le Point du polar européen en 2014 pour Après la guerre, le Bordelais Le Corre fait paraître un court texte écrit il y a vingt ans, dont on apprend en postface qu'il lui fut inspiré par un fait divers : un homme retrouvé chez lui huit ans après son décès. L'imagination folle du romancier glisse dans cet intervalle une certaine idée de la mort, débridée comme la nuit de délires de l'anachorète de Gustave Flaubert dans La Tentation de saint Antoine.

L'Éternité (suite et fin), d'Hervé Le Corre (Autrement, 144 p., 15 €).

L'extrait qui tue

Quand il mourut, Louis Lorenzo pensait à autre chose. Aussi ne perçut-il pas tout de suite l'importance définitive de ce qui survenait, et fut-il étonné de se sentir tomber en bousculant la table où ses mains avaient cherché appui vainement. Il chuta sur les genoux d'abord, qui le soutinrent pendant quelques secondes, les yeux au niveau d'une étagère por [...] Lire la suite