Des poissons toxiques, qui “mangent tout ce qui bouge”, envahissent les côtes du Liban et de la Syrie

Ahmad est un pêcheur syrien. Après avoir passé des heures en mer sous une chaleur étouffante, il n’a réussi à pêcher que quelques poissons. À peine suffisant pour les besoins de sa famille, raconte le site Daraj.

La raison ? La pollution et la surpêche, certes, mais il y a désormais autre chose. Ahmad pointe du doigt deux des poissons qu’il a pêchés : un poisson-globe et une rascasse volante avec “ses épines à la forme bizarre”. Ce sont des poissons invasifs et voraces qui sont arrivés en mer Méditerranée via le canal de Suez et qui “mangent tout ce qui bouge”, explique le pêcheur.

Voraces, destructrices et toxiques

En 2018, 957 spécimens d’espèces non indigènes - c’est-à-dire non issues du milieu dans lequel elles évoluent – ont été recensés en Méditerranée. Aujourd’hui, la barre du millier a sans doute été dépassée, explique Izdihar Ammar, professeure de biologie marine à l’université Tichrine, à Lattaquié, sur le littoral syrien.

“Ces espèces [non indigènes] auront un impact important sur le milieu marin, d’un point de vue environnemental et économique, et sur la biodiversité en entraînant une modification de l’environnement et une concurrence avec les espèces indigènes.”

En d’autres termes, ces espèces invasives non indigènes ont déjà commencé à remplacer les espèces indigènes, moins agressives et privées de nourriture, en Méditerranée orientale. Or, ces poissons sont toxiques pour l’homme. Une catastrophe, donc, pour les pêcheurs.

Facteurs aggravants

Mais comment sont apparues ces espèces en Méditerranée ? Les premiers signes du phénomène de migration de spécimens venus de l’océan Indien, d’Afrique de l’Est, voire d’Australie ou du Japon, ont été documentés au XIXe siècle. Mais, avec “la détérioration des changements climatiques, leur nombre s’est multiplié, et augmente d’année en année”.

Le changement climatique et la pollution des eaux au Liban ainsi qu’en Syrie ont contribué à l’augmentation de la température de l’eau de la Méditerranée, au point qu’elle est, à certains endroits, “similaire à celle […] de la mer Rouge”.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :