Ces poissons changent de couleur pour chasser et c’est fascinant

INTELLIGENCE ANIMALE - Lorsque l’on parle d’animaux qui changent de couleurs, on pense souvent au caméléon. Cette espèce tout comme nombre d’autres animaux utilise cette faculté pour se cacher, se dissimuler et éviter d’être une proie facile. Parfois pourtant, ce n’est pas la proie mais le prédateur qui emploie cette technique. C’est ce qu’a analysé une nouvelle étude parue le 26 février dans Current Biology.

En mer, le plus coutumier des transformations, c’est la pieuvre. Là encore, le fait de changer de couleur (mais aussi de changer de texture de peau) sert à se camoufler. Mais il y a un animal en mer pour qui changer de couleur ne signifie qu’une seule chose : chasser. Il s’agit du marlin rayé.

Ce poisson, qui fait partie de la famille des Istiophoridae (qui regroupe 11 espèces différentes) est l’avion de chasse des océans. Avec son rostre semblable à une épée, il assène de violents coups à ses proies, le tout en réalisant des accélérations à près de 120 km/heure. Et cette machine de guerre a un autre atout dans sa manche : elle peut changer de couleur.

Briller pour attaquer

Ici on ne parle pas de passer du blanc au vert comme une pieuvre. Le changement est plus subtil, mais n’en reste pas moins très visible. Ce sont les rayures de ces poissons qui s’éclairent. Pour en connaître la raison, les chercheurs ont réalisé une douzaine de vidéos par drone, en survolant un groupe de marlins. Au total, ils ont analysé vingt-quatre attaques. À chaque fois, ils ont comparé le contraste des rayures du poisson qui attaquait avec celui d’un autre marlin qui n’était pas en chasse active.

Ils ont alors remarqué que les rayures se mettaient à briller juste avant et pendant l’attaque. « Lorsque des groupes de marlins attaquent successivement et à grande vitesse la même proie, ils changent dynamiquement de couleur en fonction du moment de leur attaque » présente ainsi l’étude. Mais pourquoi diable devenir quasiment fluorescent et ainsi devenir un panneau lumineux juste avant d’attaquer ?

Une hypothèse tient au fait que les marlins chassent en groupe. Et quand il attaque, un marlin va très, très vite. À une telle vitesse, difficile d’esquiver un congénère lancé comme une balle dans la même direction. Pour éviter le risque de collision, ces poissons se mettraient donc en mode phare lumineux pour indiquer qu’ils attaquent. Si l’explication du risque de collision ne peut pas être prouvée selon les chercheurs, le fait de faire briller ses rayures sert bel et bien à indiquer une phase d’attaque à ses congénères.

Une technique de désorientation…

Mais il n’y a pas que cela. Une autre raison à ces rayures scintillantes, c’est de pouvoir éblouir et perturber les proies. « Les changements de couleurs et de motifs peuvent modifier la perception de la trajectoire d’un animal par effet d’éblouissement » relève l’étude. Le but ici, c’est de perturber le banc de poissons qui est visé.

En effet, ce dernier nage comme un seul homme. Les poissons en tête de file sont à l’initiative, tandis que ceux au chaud dans le reste du peloton suivent les mouvements. Selon une étude de 2018, il se pourrait aussi que le fait d’aussi bien se coordonner soit lié à la dynamique des fluides (les mouvements de l’eau) et non pas simplement un comportement mimétique.

Pour en revenir à nos marlins, le fait de briller rapidement perturbe le banc, qui voit apparaître soudainement une perturbation extérieure. Pour les chercheurs, cette théorie est renforcée par le fait que, lorsqu’ils chassent un poisson esseulé, les marlins font moins briller leurs rayures.

Si ce phénomène (changer de couleur) n’est pas nouveau, « les comportements de changement de couleur des prédateurs méritent plus d’attention » note l’étude. Ce champ de recherche n’est en effet que peu étudié. Il s’avère pourtant très intrigant, notamment pour les prédateurs qui, comme le marlin rayé, chassent en groupe. Faire briller ses rayures devient alors un moyen de communiquer, ajoutant de la complexité sociale à ces animaux souvent traités comme dénués de cerveaux.

À voir également sur Le HuffPost :

Plan élevage : le gouvernement veut atteindre ses objectifs climatiques sans réduire le cheptel

Le hibou Flaco, qui s’était échappé du zoo de Central Park à New York, est mort dans un tragique accident