Poils et charge mentale : "Depuis que je ne m'épile plus, je gagne du temps et de l'argent"

Armpit and armpit hair of Asian women on white background
Armpit and armpit hair of Asian women on white background

Les femmes et leurs poils, voilà un vaste débat. Il y a celles qui les adorent, celles qui les détestent, et toujours, pas loin derrière, une société patriarcale faite de diktats, qui estime que les aisselles, les jambes et le maillot des femmes devraient être totalement imberbe. Pourtant, de plus en plus de femmes ont décidé d'abandonner l'épilation et d'assumer pleinement leurs poils. Et pour ces dernières, c'est un véritable soulagement à bien des niveaux.

Dans la grande histoire du poil, il y a eu différentes périodes. Dans les années 80, les pubis et les aisselles poilues des femmes ne choquaient personne. Mais, petit à petit, la pilosité féminine est devenue un véritable tabou, renforcé par la publicité comme par la pornographie, comme par les diktats de la société. Pas féminins, pas hygiéniques, pas jolis... Les critiques à l'encontre des poils des femmes sont telles que certaines sont prêtes à user de tous les moyens pour s'en débarrasser. Fussent-ils douloureux, comme l'épilation à la cire ou à l'épilateur, sujets à des blessures comme le rasage, ou bien très onéreux, comme l'épilation définitive au laser ou à la lumière pulsée.

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Le confinement, boosteur de poils ?

Toutefois, le premier confinement, qui a eu lieu il y a maintenant un an, a eu un certain effet sur le lâcher prise des femmes. Pas de sorties ? Pas de contrainte ! Nombreuses sont celles qui ont renoncé au port du soutien-gorge, et remisé leurs rasoirs et leurs bandes de cire au placard. Selon un sondage OpinionWay pour BIC, 38% des femmes se rasent moins depuis le premier confinement. Par ailleurs, le "retour à la normale" n'a pas eu un grand impact à ce niveau-là, puisque 41% des célibataires et 36% des femmes en couple ont décidé de ne pas reprendre leurs habitudes d'épilation d'avant.

Lucille a d'ailleurs profité de cette période un peu hors du temps pour arrêter de s'épiler. "Je rase toujours mes jambes, principalement parce que je n'ai pas envie d'avoir à subir les regards et les réflexions. Mais j'avais laissé mes aisselles et mon pubis "en friche", après des années d'épilation intégrale, et je préfère comme ça en fait. Je trouve ça joli, et puisque mes poils ont poussé, ils sont doux, pas rêches comme juste après une repousse. Je trouve ça sexy, joli, et j'ai clairement l'impression de me réapproprier mon propre corps."

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L'épilation, un casse-tête en terme de timing

La question de la charge mentale au sein du couple a souvent été évoquée depuis le premier confinement, mais il y a une charge mentale à laquelle les hommes ne pensent pas toujours : celle de l'épilation. D'un côté, il y a l'option rasage, rapide sur le coup mais qui entraîne une repousse rapide (24 à 48h) et peu agréable. De l'autre, l'épilation, parfois douloureuse mais qui assure quelques semaines de tranquillité... Avant de demander un certain niveau de repousse pour pouvoir recommencer. Et bien souvent, cela représente tout un calcul dans la tête des femmes pour savoir quand le faire pour avoir un résultat optimal.

"Avant les vacances, avant un rendez-vous important, avant de passer une soirée en amoureux... Je crois que mon mec n'a jamais réalisé à quel point je me prenais la tête pour être toujours épilée au bon moment, à croire qu'il pense que je suis fournie sans l'option poil aux pattes", regrette Nina. Même constat pour Pénélope, qui confie : "Je ne suis pas toujours parfaitement épilée, mais j'ai toujours un rasoir en plastique dans ma "pochette de fille", avec les tampons, les capotes et une culotte de rechange. Et ça m'est déjà arrivé de faire une retouche dans les toilettes d'un bar avant d'aller passer la nuit chez un mec. Pas très hygiénique, mais ça m'évitait de me taper des réflexions."

"La charge mentale, ça va bien 5 minutes"

Toujours être bien épilée, c'est une galère, et la plupart des femmes en conviennent. Résultat, ces dernières sont de plus en plus nombreuses à dire "stop" à la dictature du poil. #Januhairy, #Hairylegsclub, #LesPrincessesOntDesPoils, #BodyHairDay... Les mouvements qui célèbrent les poils sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux. Dans son témoignage pour le Déclic, Laura l'affirme haut et fort : "Je n'ai pas besoin de me casser la tête à me dire 'Ah oui, je ne suis pas épilée donc je ne peux pas sortir'."

Un vrai soulagement en termes de charge mentale que partage Clémence, qui a depuis longtemps renoncé à s'épiler : "15 balles les lames de rasoir, 50 euros l'épilation en institut, ça prend des heures, il faut se contorsionner dans tous les sens... Quand j'ai constaté tout ça un jour, je me suis demandé : 'Pourquoi je m'impose ça, déjà ?'. Comme je ne trouvais pas de réponse satisfaisante, j'ai arrêté. J'y gagne en temps, en argent, et en soulagement, et j'encourage toutes les personnes de mon entourage à faire pareil ! La charge mentale pour des futilités, ça va bien 5 minutes."

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