En pleine sécheresse, peut-on continuer à boire de l’eau en bouteille ?

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

EAU - Les nappes phréatiques sont à sec, mais le marché des eaux en bouteille reste juteux. Ce jeudi 11 août, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a jugé la situation « préoccupante » en France métropolitaine alors que le manque de pluie cet hiver et la sécheresse cet été n’ont pas permis de remplir les réserves d’eau.

Paradoxalement, les producteurs des eaux en bouteille s’en sortent bien. « Les sourciers et les minéraliers travaillent avec des nappes qui sont des aquifères profonds et qui, du coup, ne sont pas liés aux aléas climatiques au-dessus », a assuré Antoine Cardon, délégué général du Syndicat des eaux de source et des eaux minérales naturelles (SESEMN), sur BFMTV Business. Contrairement à l’eau destinée à l’agriculture, celle que l’on boit est puisée en profondeur et met des dizaines d’années à être exploitée.

Pas d’ombre au tableau donc pour le marché florissant des bouteilles d’eau. Les chiffres prouvent que les Français en raffolent : en 2021, l’eau la plus vendue est la Cristalline avec plus de 33 millions d’exemplaires achetés en 2021 dans l’Hexagone selon l’agence de statistiques NielsenIQ. Soit l’équivalent de sept packs par seconde dans le pays.

Mais est-il bien raisonnable de continuer de boire de l’eau en bouteille alors que de l’eau potable coule de nos robinets ? Pour la moitié des Français oui, puisqu’un sur deux achète de l’eau en bouteille, selon le baromètre 2021 du Centre d’Information sur l’Eau. Et ça se comprend, vous doutez peut-être de la qualité de l’eau du robinet et de ses bienfaits pour la santé, mais comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, vous n’avez aucune raison de vous en méfier.

L’eau du robinet a un goût « bizarre »

Pour certaines personnes ce n’est pas seulement une question de méfiance mais aussi de goût. C’est vrai que l’eau du robinet n’a pas la même saveur parce qu’elle ne vient pas toujours du même endroit que l’eau minérale.

L’eau minérale est principalement issue de nappes souterraines et c’est au contact des roches qu’elle gagne des minéraux et ce sont eux qui lui donnent son goût. L’eau qui vient de rivière, comme c’est le cas pour 40 % des eaux du robinet en France, semble par comparaison plus « fade ».

Mais ce qui dérange le plus souvent les consommateurs c’est le goût du chlore utilisé en petite quantité pour la désinfecter. Pour le retirer, il vous suffit de placer votre carafe quelques heures au réfrigérateur.

Même marron l’eau reste potable

Autre raison qui peut vous pousser à acheter votre eau au supermarché : en ce moment, l’eau qui coule de votre robinet tire peut-être vers le jaune ou le marron. C’est certes répugnant mais la plupart du temps cette eau est tout à fait potable. Il suffit de faire une « purge », nous explique Julie Mendret, chercheuse à l’Institut Européen des Membranes, c’est-à-dire la laisser couler quelques minutes et elle redevient limpide.

Outre la couleur de l’eau, la sécheresse actuelle peut aussi avoir des conséquences sur son débit. Dans certaines communes comme à Seillans (Var), les robinets ne coulent plus. Si c’est votre cas, bien évidemment, continuez d’acheter de l’eau en bouteille.

98 % des Français ont une eau parfaitement conforme

Vous vous questionnez sans doute aussi sur la qualité de l’eau du robinet. Même si les risques de contamination existent, comme à Châteauroux (Indre) où l’eau a été contaminée en juin par la bactérie E-Coli, ces accidents restent très rares.

La chercheuse Julie Mendret nous rassure d’ailleurs sur ce point, l’eau est l’aliment le plus surveillé en France avec plus de soixante paramètres vérifiés par les agences régionales de l’eau.

« En France, 98 % de la population française avait une eau respectant la qualité microbiologique en 2020. Et 94 % pour les limites réglementaires concernant les pesticides. »

En revanche, des disparités géographiques apparaissent dans les teneurs en pesticides et nitrates. En ville la qualité de l’eau est très bonne, avec en tête de liste Paris et son taux de conformité (qualité microbiologique de l’eau) proche de 100 %. Alors que dans les zones plus rurales, l’eau est beaucoup moins contrôlée… parce qu’il y a beaucoup moins d’habitants.

Des accidents ponctuels peuvent survenir dans les plus petites communes de moins de 500 habitants. En particulier celles proches de champs cultivés en agriculture intensive ou de vignes soumises à des épandages de pesticides par exemple. Pour vous assurer que l’eau est parfaitement conforme dans votre commune, regardez sur le site de votre agence régionale de santé ou tout simplement sur votre facture d’eau.

L’eau minérale meilleure pour la santé ?

L’eau du robinet est tout aussi bonne pour la santé que celle en bouteille. Même si les producteurs vantent leurs eaux enrichies en calcium ou magnésium, vous ne vous sentirez pas plus en forme en consommant de l’eau minérale. Si vous souffrez de carences, votre médecin peut vous conseiller d’en boire en complément d’une alimentation équilibrée. Mais si vous êtes en bonne santé, cela n’aura aucune incidence.

Pensez aussi à ne pas acheter toujours la même marque d’eau minérale. Il faut varier régulièrement, par exemple prendre une eau riche en calcium une semaine, une eau minérale riche en magnésium l’autre semaine et ainsi de suite pour ne pas déséquilibrer votre apport en minéraux.

Non seulement cette eau n’est donc pas meilleure pour la santé mais en plus certaines eaux en bouteille seraient contaminées comme l’explique Julie Mendret : « Les bouteilles elles-mêmes contiennent des microplastiques. Et maintenant les nappes dans lesquelles sont prélevées certaines eaux en bouteille en contiennent aussi ». Le dernier rapport sur le sujet a été publié en juillet par Agir pour l’environnement. L’association révèle que sur 9 des bouteilles analysées, 7 contiennent des microplastiques.

Les animaux marins piégés dans nos déchets plastiques

Concernant les bouteilles, se pose un autre problème : l’emballage en plastique. Certes les bouteilles sont fabriquées en polypropylène, de nylon et de polytéréphtalate d’éthylène (PET), une matière qui se recycle mieux que les autres plastiques. Malheureusement en France, seulement 26 % des déchets plastiques sont recyclés.

Ce plastique finit souvent par se dégrader dans la nature. Un bout de plastique parcourt de très nombreux kilomètres : il se décompose dans le sol, s’infiltre dans les eaux souterraines, le cycle de l’eau le fait arriver jusqu’à la rivière, pour finir dans l’océan. Autant d’endroits que des microparticules de plastique ont le temps de contaminer.

Les animaux marins sont les premières victimes de cette pollution : certains meurent étouffés, d’autres ingèrent des microplastiques. On a tous ces images en tête d’animaux prisonniers de nos déchets, tels que les tortues de mer avec une paille coincée dans le nez ou les mouettes avec le bec bloqué dans le goulot d’une bouteille…

Un prix plus attractif

Si même après cet argument vous n’êtes toujours pas convaincu, il en reste un dernier qui risque de vous faire changer d’avis : le prix. Vous avez l’impression que l’eau en bouteille coûte une pacotille, elle est pourtant bien plus chère que celle du robinet.

Selon un rapport de l’ UFC Que Choisir, l’eau du robinet coûte 0,3 centimes/L, soit moins de 2€ à l’année pour une consommation d’1.5L/j. Tandis que l’eau minérale coûte en moyenne 40 centimes/L. Boire au robinet est donc un petit geste qui peut vous rapporter gros : plus de 200€ économisés en une année ! Avec un tel avantage économique, l’eau du robinet se boit sans modération.

À voir aussi sur Le HuffPost : Face à la sécheresse en Suisse, l’eau livrée par hélicoptères à des éleveurs

Vous ne pouvez visionner ce contenu car vous avez refusé les cookies associés aux contenus issus de tiers. Si vous souhaitez visionner ce contenu, vous pouvez modifier vos choix.

Lire aussi :

Lire aussi