En pleine crise de la Ciivise, ces anciens membres interpellent la ministre pour reprendre le flambeau

L’ex-président de la Ciivise Édouard Durand au Palais de la Femme à Paris, en septembre 2022.
JULIEN DE ROSA / AFP L’ex-président de la Ciivise Édouard Durand au Palais de la Femme à Paris, en septembre 2022.

INCESTE- Un sombre futur pour la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants ? C’est ce que craignent d’anciens membres de la Ciivise qui ont appelé l’exécutif, ce mercredi 14 février, à poursuivre avec eux le travail de lutte contre les violences sexuelles sur mineurs. La commission est en crise depuis la démission de son président et la mise en retrait de sa vice-présidente.

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Deux lettres ont été écrites pour faire part des inquiétudes concernant l’avenir de la deuxième Ciivise, mise en place fin 2023 par le gouvernement avec un nouveau binôme à sa tête, Sébastien Boueilh et Caroline Rey-Salmon.

Dans la première, adressée à la nouvelle ministre chargée de l’Enfance Sarah El-Haïry, treize membres de la Ciivise 1, dont la féministe Ernestine Ronai et la psychiatre Muriel Salmona, ont partagé leur souhait de « participer à la mise en œuvre » des 82 préconisations faites par la Ciivise.

Ces membres aspirent aussi au retour d’Édouard Durand, juge des enfants, en tant que président de la commission, qui a quitté ses fonctions en fin d’année dernière. « Qui mieux que l’équipe de la Ciivise 1, composée de victimes et de professionnels reconnus, peuvent poursuivre ce travail, qui ne doit pas rester lettre morte ? », écrivent-ils.

Selon eux, la « doctrine » de la Ciivise 1 doit continuer à l’inspirer : « Les violences sexuelles constituent une urgence médicale absolue ». Il faut en « finir avec l’impunité des agresseurs » et « croire » et « protéger les victimes ».

Emmanuel Macron appelé à « être à la hauteur de ce qu’il a lui-même initié »

Dans une deuxième lettre ouverte, cinq présidents d’associations de victimes d’inceste écrivent, cette fois-ci à Emmanuel Macron, que la nouvelle Ciivise a « trahi les victimes ». Ils se « tiennent à la disposition » du président de la République « pour trouver une issue positive » à la crise.

Arnaud Gallais (Mouv’Enfants), Eva Thomas (SOS Inceste), Laurent Boyet (Les Papillons) et Nathalie Moreau (Arevi) « déplorent » le « soutien public » apporté par le président démissionnaire Sébastien Boueilh à sa vice-présidente Caroline Rey-Salmon, faisant l’objet d’une plainte pour agression sexuelle lors d’un examen gynécologique sur une victime d’inceste.

« En un éclair, ce que la Ciivise avait bâti, permettant aux 30 000 survivants de se confier à nous, a été réduit à néant », indique cette lettre signée aussi par Angélique Mouly, présidente du dispositif d’accueil des victimes Docteurs Bru.

Ils appellent Emmanuel Macron à « être à la hauteur » de « ce qu’il a lui-même initié en 2021 », lorsqu’il a lancé la Ciivise, dans la foulée de la publication du livre de Camille Kouchner La Familia grande, qui dénonce l’inceste commis sur son frère par le politologue Olivier Duhamel.

La Ciivise 2 « est un simulacre, une honte, un gâchis », a déclaré le président de Mouv’Enfants Arnaud Gallais à l’AFP.

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