Plantes médicinales : les cultiver soi-même pour éviter la surexploitation

Boire une tisane, un geste naturel et écolo ? Surexploitées voire pillées, les plantes médicinales sauvages sont menacées partout dans le monde. Le remède : cultiver soi-même son carré de simples !

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°213 daté avril/ juin 2023.

Les Français sont 45 % à déclarer recourir à la phytothérapie. En tisanes, décoctions, compléments alimentaires ou huiles essentielles, les herbes médicinales prodiguent de nombreux bienfaits… mais leur consommation ne serait pas aussi écologique qu'elle le semble. Elle participe en effet "à une frénésie consumériste qui met de nombreuses espèces en danger", avertit Aline Mercan, anthropologue de la santé à l'Université d'Aix-Maseille. Ce médecin, auteure du remarquable et dérangeant "Manuel de phytothérapie responsable", invite à réfléchir sérieusement à nos pratiques. "Et à construire la phytothérapie de demain, sobre et efficace" qui passera notamment par nos jardins.

La chercheuse a vu disparaître certains végétaux de ses stations d'observation himalayennes entre 2002 et 2015, en raison de l'engouement planétaire pour la médecine tibétaine. Avec la crise du Covid-19, la mode des racines de réglisse de Chine et d'huile essentielle de ravintsara (une sorte de camphrier) ont provoqué des razzias, alertent désormais les ONG. Bien sûr, ce commerce constitue une source de revenus importants pour les populations locales, mais l'explosion de la demande les prive de leurs propres médications et encourage la surexploitation, voire le pillage. "Lorsque j'ai commencé à me former il y a plus de vingt ans, personne n'abordait la question de la ressource, raconte Aline Mercan. Il semblait aller de soi que les plantes étaient à notre disposition depuis toujours - et pour toujours."

Aujourd'hui, les questions de culture et de cueillette sont devenues essentielles. Sur "les quelque 28.000 espèces d'intérêt médicinal avéré existant dans le monde, 723 sont menacées d'extinction", selon un rapport de 2020 du jardin botanique de Kew. En France, ce sont peut-être les dernières heures du colchique de Corse - très prisé pour le traitement de la goutte - ou du maceron perfolié. "Les pl[...]

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