Le Planning familial s'alarme des appels "fragilisants" à couper ses subventions
Plus d'un an après la polémique suscitée par son affiche représentant un homme transgenre enceint, le Planning familial s'alarme des appels à couper ses financements et dénonce la désinformation entourant ses ateliers d'éducation à la sexualité auprès des jeunes.
"On a des appels à enlever les financements du Planning, ce qui est très fragilisant et très oppressant pour les bénévoles et les militantes", a déclaré mercredi Sarah Durocher, présidente de l'association féministe, lors d'une audition devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
400.000 personnes accompagnées chaque année
"Si on on enlevait les financements du Planning, 400.000 personnes seraient dans des difficultés importantes, c'est très alarmant", a-t-elle ajouté, en référence au nombre de personnes accompagnées ou accueillies par l'association chaque année.
A l'heure actuelle, "au niveau tête de réseau, on est plutôt sur un maintien des financements", mais les antennes locales ne verront "l'impact de ces appels qu'au premier semestre 2024", précise-t-elle auprès de l'AFP.
Le Planning ciblé par l'extrême-droite en 2022
Fondée en 1960, l'association féministe a été la cible à l'été 2022 d'une partie de la droite et de l'extrême-droite qui a dénoncé des "militants archi-subventionnés" et appelait à faire cesser ces "dérives" notamment en réduisant les subventions de l'Etat.
Dans leur collimateur, une affiche portant le slogan "Au Planning, les hommes aussi peuvent être enceints", avec un dessin représente un homme transgenre (c'est-à-dire né biologiquement femme mais dont l'identité de genre est masculine) pendant sa grossesse. L'organisation avait reçu le soutien d'Isabelle Rome, alors ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes, et d'un collectif d'universitaires, de médecins, de sociologues et d'écrivains, parmi lesquels Annie Ernaux.
"L'idée avec cette affiche c'était de dire que le planning accueille les personnes trans et de leur dire qu'elles pouvaient venir au planning, ça a été fait dans cette démarche", explique à l'AFP Sarah Durocher
Celle-ci évoque des "attaques et des propos transphobes" d'une "rare violence" à la fois pour les bénévoles et pour les personnes concernées.
Des plaintes déposées après des attaques
La perspective d'une baisse des subventions est d'autant plus problématique qu'elle survient dans un contexte d'inflation et "de précarité des femmes seules avec enfants", poursuit Sarah Durocher. "On est obligés de faire des choix (d'accueil et d'accompagnement-ndlr) puisque les financements localement parfois n'augmentent pas alors que la pauvreté est grandissante".
Depuis le début de l'année, des attaques ont par ailleurs visé des antennes du Planning familial - en février en Gironde, en mars à Strasbourg et en août dans les Hautes-Alpes. De nouvelles dégradations ont été commises ces derniers mois et des plaintes ont été déposées, indique Sarah Durocher, sans donner plus de détails.
Désinformation sur l'éducation à la sexualité
La présidente du Planning dénonce également la désinformation entourant les ateliers d'éducation à la sexualité que l'association anime auprès de 150.000 jeunes dans quelque 3.000 établissements scolaires.
"Il y a beaucoup de désinformation, de fantasmes", de la part de "certaines associations", a déclaré à l'Assemblée nationale Sarah Durocher, citant notamment Parents Vigilants, un réseau proche du parti Reconquête! d'Eric Zemmour qui s'inquiète régulièrement d'un "grand endoctrinement" des élèves dans le cadre de l'éducation sexuelle.
Le Syndicat de la famille (nouveau nom de la "Manif pour tous") estime de son côté que les associations animant les ateliers d'éducation sexuelle dans les établissements scolaires en profitent "pour faire de la propagande" en faveur de "l'idéologie du genre", selon un récent communiqué.
Auprès des "tout petits", on parle du "vivre ensemble", de "la question de 'mon corps c'est mon corps', on s'adapte vraiment aux enfants, on ne parle pas de sexualité en primaire", explique Sarah Durocher. "Ça, ça fait partie de la désinformation qui fait peur aux parents".