Plan Vigipirate : quelle est l'origine du nom du dispositif français de lutte contre le terrorisme ?

Officiellement créé en 1978, le dispositif a finalement pris le nom "plan Vigipirate" bien plus tard, dans les années 1990.

Le terme "plan Vigipirate" a été définitivement adopté en 1995 (Photo : Getty Images/iStockphoto)

Une appellation que tout le monde connaît, sans réellement savoir à quoi elle fait référence. À la suite de la série d'attentats de grande ampleur perpétré dans le pays dans les années 2010, la France a appris à vivre avec le plan Vigipirate, le dispositif gouvernemental de prévention et de lutte contre le terrorisme.

Conçu à l'origine pour être temporaire et exceptionnel, le plan Vigipirate est devenu permanent de fait, puisqu'il a été maintenu sans discontinuer depuis les attentats de 2015. À la suite de l'attaque survenue il y a quelques jours à Moscou et revendiquée par le groupe islamiste Daesh, il a d'ailleurs été relevé au niveau "urgence attentat" ce dimanche 24 mars.

Un premier déploiement du dispositif en 1991

Mais que signifie donc l'étrange nom "Vigipirate" qui a été choisi pour ce dispositif ? Pour le comprendre, il faut remonter aux racines de ce projet initié en février 1978 par une instruction interministérielle provenant du ministère de la Défense. À l'époque, le terme "Vigipirate" n'existe pas encore, mais la volonté de mettre en œuvre "des mesures de vigilance en cas de menaces d’agressions terroristes" est déjà là, comme l'indique un article de la revue Balises consacré au sujet.

Le dispositif va ensuite se structurer à partir de l'année 1981, avec le lancement du plan "Pirate", acronyme signifiant "Protection des installations contre les risques d’attentats terroriste à l’explosif" (l'attaque à la bombe était en effet le type d'attentat le plus courant à l'époque). Dix ans plus tard, en 1991, ce plan est déployé pour la première fois à l'occasion de la guerre du Golfe, opposant l'Irak et une coalition menée par les États-Unis. Les services de renseignement craignaient en effet la possibilité d'attaques terroristes en représailles de l'implication de la France aux côtés des Américains.

Le terme "Vigipirate" définitivement adopté en 1995

Les mesures d'alertes ont été levées en avril 1991, après la fin du conflit armé, mais la menace terroriste est douloureusement revenue à l'ordre du jour quelques années plus tard, en 1995, avec une série d'attentats perpétrés en région parisienne, dont le tristement célèbre attentat du RER B à Saint-Michel, qui avait fait 8 morts et 117 blessés.

Déclenché après l'attaque à la bombe à la station Saint-Michel, le dispositif gouvernemental de lutte contre le terrorisme a été enrichi au passage de la notion de "vigilance" et a alors pris définitivement le nom de "Vigipirate", selon un article de 2016 de l'universitaire Thomas Boussarie. À la fois mot-valise et acronyme, le terme "Vigipirate" signifie donc littéralement "vigilance et protection des installations contre les risques d'attentats terroriste à l'explosif", même s'il ne concerne plus exclusivement ce type d'attaques.