Plan Écophyto sur les pesticides : des centaines d’experts appellent l’État à choisir « la santé et pas le cancer »

Des chercheurs accusent ce mardi 7 mai le gouvernement d’« immobilisme » sur son plan de réduction des pesticides. (Photo d’illustration)
Damien MEYER / AFP Des chercheurs accusent ce mardi 7 mai le gouvernement d’« immobilisme » sur son plan de réduction des pesticides. (Photo d’illustration)

ENVIRONNEMENT - Écophyto III ? Un plan dangereux pour ces scientifiques. Après les annonces du gouvernement des grands axes de la nouvelle stratégie de réduction de pesticides d’ici à 2030, les experts sont inquiets et le font savoir dans une tribune publiée ce mardi 7 mai dans le journal Le Monde.

Plan Écophyto : Marc Fesneau maintient l’objectif de réduction des pesticides, tout en ignorant les écolos

Quelque 400 chercheurs, 200 soignants, et des associations de patients et de défense de l’environnement voient dans ce nouveau plan « une politique d’immobilisme » et appellent à « faire le choix de la santé publique, pas celui du cancer ».

Risques de cancer accrus

« L’exposition délibérée, que ce soit des agriculteurs et de leurs familles ou de la population en général, à des substances nocives (ou dont la nocivité est encore inconnue pour les pesticides en cours d’agrément) va perdurer », affirme ce collectif.

Les signataires rappellent d’abord « une forte présomption d’un lien entre l’exposition à plusieurs pesticides et le développement de cancers de la prostate, de lymphomes et de leucémies », inscrits au tableau des maladies professionnelles.

Ils notent encore que l’exposition « in utero ou au cours de la petite enfance dans un contexte professionnel ou domestique accroît aussi le risque de certains cancers pédiatriques » ou que les populations les plus vulnérables vivent près de zones d’épandage.

Le collectif évoque aussi « la contamination de la population antillaise par le chlordécone » et l’inaction des autorités sur ce pesticide utilisé dans les bananeraies, à l’origine d’« une pollution persistante de toute la chaîne alimentaire associée à une multiplication de pathologies graves, dont des cancers de la prostate ».

Mauvaise solution pour calmer la colère agricole

« Nous (...) qui nous battons au quotidien contre le cancer ne pouvons accepter que la santé publique soit sacrifiée à des intérêts court-termistes. Apaiser la colère légitime du monde agricole en perpétuant son exposition aux pesticides n’est pas la solution », lancent-ils.

Affirmant qu’« il est encore temps pour le gouvernement de reconsidérer ses décisions », le collectif juge que « nos responsables politiques doivent avoir le courage de faire le choix de la santé publique, pas celui du cancer ».

Le gouvernement s’est défendu lundi de tout recul environnemental dans la nouvelle stratégie de réduction des pesticides Ecophyto 2030, mise en « pause » pendant la crise agricole, et dénoncée par les ONG comme insuffisante pour réduire l’impact de ces produits sur la nature.

À voir également sur Le HuffPost :

La pollution de l’air a des conséquences sur le développement du fœtus pendant la grossesse

Eau potable à Paris : deux nouveaux forages pétroliers en Seine-et-Marne inquiètent la mairie de Paris